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LE
FORUM
Compte rendu de travaux en classe: la Cybergazette
La
Cybergazette, projet piloté par Eric
Tournaire, enseignant d'arts plastiques, et
Thierry Marrone, enseignant en SEGPA.
Bilan établi par Catherine
Marjollet, coordonnatrice du Clemi d'Aix-Marseille.
mars
2000
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En septembre 1996, le Clemi d'Aix-Marseille a voulu monter
un journal diffusé sur Internet, réunissant
des élèves en grande difficulté scolaire.
Il fut baptisé "Cybergazette".
Le projet, construit sur le modèle d'une entreprise
de presse, a été proposé à
des enseignants qui travaillent dans les sections d'enseignement
général et professionnel adapté (Segpa).
Il a été créé et organisé
par Odile et Philippe Jouve, formateurs Clemi pour les
années scolaires 1996-97 et 1997-98. Voir Naissance
et mise en place du projet.
De quatre correspondants la première année,
la Cybergazette en accueille dix l'année suivante.
Elle associe un établissement régional d'enseignement
adapté (EREA) et les centres scolaires des prisons
(CSP). Voir La Cybergazette évolue.
En septembre 1998, elle s'étend à l'académie
de Nice, avec le soutien des deux recteurs. Le projet
est alors repris par Catherine Marjollet, formatrice Clemi
et accueille 19 correspondants. Il bénéficie
du soutien du ministère de l'Education et entre
dans le programme national d'expérimentation du
Clemi. Voir Une expérimentation nationale.
La Cybergazette grandit. Eric Tournaire, responsable
des illustrations depuis sa création et responsable
de sa mise en ligne depuis septembre 1999, en reprend
la gestion avec Thierry Marrone, enseignant de la classe
rédactrice en chef. Nicole Desautels, coordonnatrice
du Clemi de Nice, coordonne le projet sur son académie,
relayée par Daniel Franquin pour les établissements.
Pour l'année scolaire 1999-2000, 30 établissements
correspondants se sont inscrits dans le projet La Cybergazette.
Lire la
Cybergazette
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1996-97
: NAISSANCE ET MISE EN PLACE DU PROJET |
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Ses
principes fondateurs
Produire
un journal scolaire inter-Segpa, diffusé sur Internet.
Il est réalisé par des classes de correspondants
qui transmettent des articles par le courrier électronique
à une classe centralisatrice, qui les sélectionne
et produit le journal. La Cybergazette est diffusée
au niveau départemental (tirage papier), et au niveau
national et international (par Internet).
Mettre en réseau des enseignants travaillant dans
l'Adaptation scolaire, leur permettre d'échanger
sur l'enseignement du français auprès de jeunes
en grande difficulté et leur faire découvrir
la richesse d'un enseignement articulé autour de
la presse.
Les
partenaires et leurs rôles
La Segpa du collège Henri-Bosco, à Vitrolles,
a été agence de presse et responsable de publication.
Les élèves de six collèges des Bouches-du-Rhône
ont été les correspondants de l'agence, et
lui ont transmis leurs articles.
Le Clemi d'Aix-Marseille est intervenu dans la formation
des enseignants participant au projet et sur les aspects
techniques (publication assistée par ordinateur et
mise en ligne sur Internet)
L'AIS-3 du département a élaboré un
projet de circonscription autour de cette action, et obtenu
une subvention de l'inspection académique des Bouches-du-Rhône
pour assurer en partie la formation des enseignants, financer
l'édition du journal et acheter des logiciels.
Comment
travailler avec des classes de Segpa?
Pour
donner son importance au projet Cybergazette, il faut le
replacer dans son contexte, et parler des élèves
des structures spécialisées (Segpa-Erea) à
qui il est destiné. Ce sont des élèves
au passé d'échec scolaire massif, en complet
désinvestissement, ayant une relation négative
au savoir, du fait de leur histoire scolaire et de leur
appartenance socioculturelle.
Si ces élèves ne sont pas portés par
un projet, le démarrage ou le redémarrage
dans les apprentissages est très difficile. En effet,
pour eux, l'étude ne découle pas du besoin,
de l'utilitaire, mais de l'étonnement. D'où
la nécessité:
d'abandonner d'une manière radicale les enseignements
donnés auparavant et qui n'ont pas réussi,
de prendre avec ces jeunes une conduite de détour:
les élèves placés en situation de coauteurs
de projets sont par ce fait contraints d'effectuer activement
certains apprentissages qu'ils n'auraient pu réaliser
dans d'autres conditions.
Il
faut également aborder le problème de l'enseignant
en Segpa qui a affaire au public le plus difficile du collège.
Il a donc une tâche très ardue. Il a aussi
un besoin impérieux de travailler différemment,
et d'être porté par un dynamisme à toute
épreuve. D'où l'idée de mettre en réseau
ces enseignants en les rassemblant autour d'un projet porteur.
Pourquoi
intégrer les nouvelles technologies en Segpa?
Parce que les nouvelles technologies sont un acteur de motivation
des élèves. Entre les élèves
de Segpa et la culture des livres, l'écrit, le divorce
est total. Le livre symbolise l'échec. Les nouvelles
technologies sont un espoir de rompre avec les blocages
des publics en grande difficulté, grâce à
l'attitude différente de ces jeunes face aux nouvelles
technologies: curiosité et intérêt accrus
(ce support a plus de sens pour eux).
A cause de l'inégalité des chances face aux
nouvelles technologies. En raison du contexte général,
l'utilisation des nouvelles technologies est une nécessité.
La fracture entre d'un côté les bons élèves
«branchés» et, de l'autre côté,
ceux issus de milieux socioculturels défavorisés
et très éloignés d'Internet, doit être
réduite. Elle ne peut l'être qu'au collège,
c'est une des missions des enseignants.
Parce que c'est un nouveau moyen de communication, qui permet
de multiplier les occasions de communication et d'interactions
avec des pairs, de mettre en commun des ressources de tout
type de supports. En effet, le multimédia permet
un travail pluridisciplinaire où chacun peut trouver
une place.
En conclusion, les nouvelles technologies peuvent contribuer
à faire accéder l'élève à
un statut d'acteur scolaire.
Les
objectifs des enseignants
Etablir une communication inter-Segpa s'appuyant sur la
presse écrite
Favoriser
des échanges inter-établissements
Connaître le fonctionnement de la presse écrite
Dégager les critères de réalisation
du projet
Créer une dynamique d'enseignement autour du texte
informatif et une motivation aux apprentissages
Différencier
les types de textes
Dégager les critères du texte informatif
Produire ce texte en respectant les critères énoncés
S'investir dans une tâche en prenant part activement
aux apprentissages
Favoriser l'image de l'élève en grande difficulté
et l'image de la Segpa au sein du collège
Diffuser
le journal au sein du collège
Installer le journal sur Internet
Travailler en partenariat avec des classes de collège
Tenir une place au sein de la communauté
Former des citoyens actifs capables de réfléchir
et de produire de l'écrit dans des situations de
communication
Analyser
les circuits de l'information
S'exprimer
Emettre une opinion
Actions
réalisées
Le Clemi a organisé deux demi-journées de
formation: deux journalistes sont intervenus sur les règles
de l'écriture journalistique, les fonctions journalistiques,
les familles d'articles... Une enseignante spécialisée
est intervenue à propos des activités de lecture
et d'écriture susceptibles d'être menées,
et sur les modalités pédagogiques adaptées
au public. Chaque enseignant a également bénéficié
de l'intervention d'un journaliste dans sa classe.
Six collèges du département se sont engagés
dans le projet: Jean-Jaurès à Peyrolles, Sylvain-Menu
et Jacques-Prévert à Marseille, Alphonse-Daudet
à Istres, Arc-de-Meyran à Aix-en-Provence
et Henri-Bosco à Vitrolles. Les élèves-correspondants
ont réalisé un travail d'écriture d'articles
de presse qui intégrait une étape de découverte
de la presse et de l'écriture journalistique, et
une étape de réalisation des articles.
Les élèves de la Segpa constitués en
agence de presse ont élaboré des critères
de tri. Ils ont sélectionné les articles et
les illustrations, défini des rubriques et réalisé
la maquette du journal.
Le professeur d'arts plastiques du collège de l'agence
de presse a travaillé avec deux classes de quatrième
sur l'illustration des articles. Les élèves
ont choisi le thème qu'ils voulaient illustrer, et
ont réalisé une production individuelle.
Evaluation
et bilan
Le
premier numéro de la Cybergazette
a été diffusé sur Internet en juin
1997. Il a été tiré en mille exemplaires
(un exemplaire par élève-auteur, et un exemplaire
à chaque Segpa, Erea (établissement régional
d'enseignement adapté) et Maison d'arrêt de
l'académie.
Les
aspects positifs de la Cybergazette
Ce
projet a impulsé une dynamique d'enseignement et
une dynamique d'apprentissage chez les élèves.
Ils se sont lancés dans la lecture et l'écriture
avec enthousiasme, motivés par ce type de travail
et la perspective de l'édition.
Les élèves-correspondants ont trouvé
un sens à la production d'écrits grâce
à la diffusion de leurs articles. Ecrire pour un
journal leur a permis de travailler sur des thèmes
qu'ils n'auraient peut-être jamais abordés.
Ils se sont sentis investis d'une mission d'information.
Les élèves de la classe "agence de presse"
se sont passionnés pour ce travail, qui complétait
fort bien leur tâche de rédacteur dans leur
propre journal scolaire. Ils se sont sentis gratifiés
par la responsabilité qu'on leur attribuait. Les
sujets et les thèmes abordés dans les articles
de leurs correspondants les ont vivement intéressés
et ont déclenché des débats. Grâce
à cette fonction, ils ont pu:
Elaborer les critères de sélection des articles.
Consolider les notions de rubriques, titres, articles.
Développer leur sens critique: il a fallu en effet
porter un jugement sur le texte lu et argumenter son choix
(chaque élève devait noter les articles, puis
les notes étaient mises en commun).
Travailler la syntaxe en corrigeant certains titres jugés
trop peu parlants pour en trouver de plus "accrocheurs ".
La correction orthographique a été la partie
la plus difficile. Les élèves ont eu du mal
à repérer les fautes dans quatre articles
qui n'avaient pas tenu compte du critère "respect
de l'orthographe", et c'est l'enseignante qui a dû
pointer les erreurs.
Sélectionner les illustrations faites par les élèves
de deux quatrièmes encadrés par leur professeur
d'arts plastiques. Ce travail les a amenés à
prendre position et à défendre leur choix.
Réaliser la maquette papier.
Un autre point très positif: le travail sur l'illustration,
qui a permis œuvrer dans le sens de l'intégration
de la Segpa dans le collège par la reconnaissance
du travail de jeunes en difficulté.
Les
aspects du projet à revoir
Le courrier électronique n'ayant pas été
installé dans les collèges, la transmission
des articles s'est faite par envoi de disquettes. La mise
en ligne du journal a été réalisée
par le Clemi. Il pourrait être intéressant
d'envisager, non pas d'initier les élèves
à un logiciel de mise en page sur Internet, mais
de les faire réfléchir à l'organisation
de l'arborescence qui permettra de "naviguer" d'une page
à l'autre.
Pour que ce projet soit davantage moteur des apprentissages,
il faudrait multiplier les publications. Il serait également
intéressant d'exploiter davantage le travail coopératif
et les communications entre collèges grâce
au courrier électronique, qui devrait être
installé l'an prochain.

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1997-98
: LA CYBERGAZETTE EVOLUE |
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Compte
tenu de l'intérêt que ce projet a suscité
tant chez les enseignants que chez les élèves,
l'action est reconduite pour l'année scolaire 1997-98.
Elle est élargie à tous les enseignants volontaires
d'établissements de l'académie travaillant
avec des jeunes en difficulté (Segpa des collèges,
Erea, maisons d'arrêt).
Les
objectifs des enseignants
Etablir une communication inter-Segpa s'appuyant sur la
presse écrite
Utiliser
les nouvelles technologies au service du travail coopératif
Connaître le fonctionnement de la presse écrite
Apprendre en communiquant de façon permanente
Créer une dynamique d'enseignement autour du texte
informatif et une motivation aux apprentissages, en s'aidant
des technologies nouvelles
Dégager
les critères du texte informatif
Produire ce texte en respectant les critères énoncés
Utiliser les nouvelles technologies comme aide aux blocages
des jeunes en difficulté
S'investir dans une tâche en prenant part activement
aux apprentissages
Multiplier les occasions de communication grâce au
courrier électronique
Favoriser l'image de l'élève en grande difficulté
et l'image de la Segpa au sein du collège
Diffuser
le journal
Installer le journal sur le Web
Travailler en partenariat avec des classes de collège
Tenir une place au sein de la communauté
Former des citoyens actifs familiarisés aux nouvelles
technologies capables de réfléchir et de produire
de l'écrit dans des situations de communication.
Analyser
les circuits de l'information
S'exprimer, émettre une opinion
Réduire l'inégalité des chances face
aux nouvelles technologies
Organisation
1997-98
Trois
publications dans l'année
L'un
de nos objectifs étant de dynamiser l'enseignement
en Segpa et de modifier la relation au savoir des jeunes
en difficulté, il nous a paru essentiel de programmer
trois
sorties du journal et de privilégier le canal
Internet qui permet, entre autres, de réduire le
coût du journal et de multiplier les publications.
Le
travail des participants
Les collèges-correspondants écrivent des articles
et les transmettent par courrier électronique à
la classe « agence de presse ». Pour être
sélectionnés, ces articles doivent tenir compte
des quatre critères de sélection. Aucune rubrique
n'est proposée. Les journaux rassembleront différents
styles d'articles.
La classe agence de presse est aussi secrétaire de
rédaction. Elle centralise les écrits, les
sélectionne, modifie éventuellement les titres,
et peut apporter certaines corrections. En partenariat avec
le professeur d'arts plastiques et des collégiens,
elle choisit les illustrations. De plus, elle prépare
l'organisation des pages HTML, en réfléchissant
à l'arborescence du journal cybernétique qui
permettra de naviguer d'une page à l'autre.
Les enseignants participant au projet choisissent l'option
«correspondants», ou «agence de presse»,
ou les deux à l'occasion de la première journée
de formation. Pour le premier numéro, l'agence est
confiée à la Segpa du collège Henri-Bosco,
puisque les élèves sont familiarisés
avec cette tâche. Il serait souhaitable que deux autres
établissements se lancent également dans ce
travail, complémentaire de celui de correspondant.
Exploitation
pédagogique du journal collectif
Bien
qu'aucun des établissements partenaires ne soit encore
connecté au Web, la lecture de la Cybergazette est
possible grâce à l'installation d'un navigateur
sur un ordinateur. Les pages HTML sont mises sur disquette
et lues en simulation de navigation.
Dès
février, tout échange doit s'effectuer par
le courrier électronique (articles, modifications,
demandes d'informations supplémentaires, précisions
à apporter, réactions à un article,
échanges de points de vue, transmission des pages
HTML...). Avantages: - Immédiateté des échanges,
qui peut structurer la journée de travail, - L'information,
le message, deviennent levier d'apprentissage, - L'élève
est davantage motivé pour retoucher son texte ou
approfondir un article: c'est un de ses pairs qui le lui
demande.
D'autre
part, tous les correspondants doivent recevoir un fichier
avec une mise en page Word pour pouvoir imprimer le journal.
Le enseignants ont alors la possibilité d'utiliser
ces documents pour travailler en expression orale les sujets
abordés (débats), la syntaxe, l'orthographe-grammaire,
le vocabulaire, reconstituer éventuellement une mise
en page papier en faisant leur propre sélection...
En
fin d'année chaque classe sélectionnera les
meilleurs articles produits. Ceux-ci seront publiés
dans un tirage papier de la Cybergazette, preuve tangible
du travail réalisé dans l'année.
Le
planning
Première
journée de formation: 18 novembre 1997
Date limite d'envoi des articles pour la Cybergazette n°1:
15 janvier 1998
Agence de presse du 15 au 31 janvier: sélection des
articles et arborescence de la Cybergazette
Du 1er au 15 février: mise en pages HTML (avec le
Clemi)
Premier journal consultable à partir du 15 février
1998
Deuxième
journée de formation: 16 janvier
Date limite d'envoi des articles pour la Cybergazette n°2:
1er mars 1998
Agence de presse du 2 au 16 mars: sélection des articles
et arborescence
Travail des illustrateurs du 17 au 30 mars: réalisation
des illustrations et sélection
Du 1er au 15 avril: mise en pages HTML
Deuxième journal consultable à partir du 15
avril 1998
Date
limite d'envoi des articles pour la Cybergazette n°3:
15 avril 1998
Agence de presse du 27 avril au 11 mai: sélection
des articles et arborescence
Travail des illustrateurs du 11 au 24 mai
Du 25 mai au 5 juin: mise en pages HTML
Troisième journal consultable à partir du
5 juin 1998
Sélection
des meilleurs articles pour le 7 juin
Sortie de la Cybergazette papier début septembre.

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1998-2000
: UNE EXPÉRIMENTATION NATIONALE |
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Les
principes fondateurs réaffirmés
Produire un journal scolaire inter-Segpa-Erea-Csp, diffusé
sur le site Web de l'académie d'Aix-Marseille. Ce
trimestriel en ligne est réalisé par une classe
rédactrice en chef qui reçoit par courrier
électronique des articles de ses correspondants.
Elle les sélectionne, donne des indications d'écriture
et de réécriture à ses rédacteurs,
conçoit le journal, passe commande des illustrations
auprès de classes dites banales d'un collège
partenaire.
Favoriser l'expression et la communication sur le projet
et sur les productions d'articles. La Cybergazette institue
une délégation d'élèves et renforce
le rôle du conseil de rédaction au sein de
chaque classe.
Permettre aux élèves de traiter des sujets
qui les concernent. Ils proposent leurs commentaires "renseignés",
dans le respect de la déontologie du métier
de journaliste qu'ils se seront appropriés.
Mettre en réseau des enseignants travaillant avec
un public en grande difficulté scolaire. Les échanges
entre enseignants impliqués permettent de construire
une éducation à la citoyenneté et de
mener une réflexion sur l'enseignement du français
à partir d'un support social d'écrits tel
la presse.
Comment
travailler avec des publics en difficulté scolaire?
Pour
comprendre l'importance du projet Cybergazette, il faut
le replacer dans son contexte éducatif. La plupart
des élèves sont en complet désinvestissement
par rapport à l'école. Ils ont une relation
négative aux savoirs du fait de leur histoire scolaire
et de leur appartenance socioculturelle. Pour eux, apprendre
ne découle pas du besoin, du désir, de l'utile.
Le redémarrage des apprentissages ne peut s'articuler
qu'autour de la motivation suscitée par un projet
auquel ils sont associés. Ces élèves,
devenus responsables de leur projet, sont amenés
à effectuer activement certains apprentissages qu'ils
n'auraient pu réaliser autrement, et qui leur deviennent
dès lors explicites. Il s'agit de donner du sens
aux apprentissages dans le cadre de la réalisation
d'un projet réel de communication.
Les
jeunes concernés vont de l'élève ayant
des troubles cognitifs (peu nombreux), au jeune adulte incarcéré
et sorti du cadre scolaire, en passant par l'adolescent
en désinvestissement scolaire massif (la majorité).
Avec ce public disparate et difficile, l'enseignant doit
travailler différemment et motiver ses élèves.
Sa tâche est facilitée par la mise en réseau
avec ses collègues autour d'un projet porteur.
Pourquoi
intégrer les nouvelles technologies en Segpa-Erea-Csp?
Avant
tout parce que les nouvelles technologies constituent un
facteur de motivation pour les élèves. Pour
les publics concernés, la rencontre avec le livre
est difficile, car l'écrit symbolise l'échec.
Devant l'écran, l'élève retrouve une
chance de réussir. La curiosité et l'envie
de manipuler un support plus proche de sa réalité
quotidienne (comme les jeux vidéos et l'écran
de télévision) pousse le jeune à vouloir
s'investir. La motivation grandit quand de surcroît
il s'agit d'informer, de donner son avis à d'autres
de son âge et, par là, d'être considéré
comme citoyen. Quand ensuite les jeunes diffusent leurs
écrits au-delà des murs du collège
ou de la prison en direction d'un public large grâce
à Internet, l'entreprise prend l'allure de reconquête
de l'image de soi et reconquête de sa place d'élève.
Dire et l'écrire oblige à lire et à
découvrir le goût de lire.
Néanmoins,
la nécessité de passer par un enseignement
à ces nouvelles technologies reste indispensable.
Elle n'évite pas de devoir adapter la pédagogie
à ce type d'élèves. L'intérêt
pour l'enseignant, c'est que l'outil peut permettre une
pédagogie de détour: l'élève
apprend sur d'autres supports et la relation duelle, souvent
fortement conflictuelle ou, pire, a-conflictuelle, devient
une relation triangulaire. Les supports constituent plus
fortement des lieux d'apprentissage, parce qu'ils prennent
du sens dans le projet de réaliser un cyberjournal.
L'enseignant "retrouve" son rôle de médiateur
entre l'élève et le savoir.
Une
des missions des enseignants, renforcée par les priorités
des plans académiques, est de permettre à
tous d'accéder aux nouvelles technologies, notamment
aux élèves des milieux socioculturels n'ayant
accès ni à l'informatique ni à Internet.
Les nouvelles technologies ne sauraient constituer un nouveau
lieu de fracture sociale d'autant que l'accès à
de nombreuses compétences professionnelles dépend
de leur maîtrise.
Enfin,
l'utilisation du courrier électronique et d'Internet
permettent de multiplier les occasions de communiquer, d'interagir
avec ses pairs et de mettre en commun des informations et
des ressources. Un projet multimédia de ce type met
en œuvre un travail inter et transdisciplinaire où
chacun peut trouver sa place, et où un sens global
et fédérateur peut être donné
à l'école.
En conclusion, les nouvelles technologies peuvent contribuer
à faire accéder l'élève à
un statut d'acteur scolaire et social.
Les
partenaires et leurs rôles
Les élèves de la Segpa du Jas-de-Bouffan à
Aix-en-Provence, encadrés de leur professeur, sont
les rédacteurs en chef. Ils sont responsables de
la réalisation de la Cybergazette.
Les élèves des 15 établissements de
l'académie d'Aix-Marseille et ceux des 15 établissements
de l'académie de Nice, encadrés de leurs professeurs,
sont les correspondants de presse de la Cybergazette.
Les élèves du collège Henri-Bosco à
Vitrolles, encadrés de leur professeur, réalisent
les illustrations.
Le Clemi-Iufm d'Aix-Marseille coordonne l'ensemble du projet
et s'associe au Clemi-action culturelle de Nice pour organiser
la formation des enseignants, les réunions des correspondants
et délégués d'élèves,
pour assurer les régulations nécessaires.
Depuis juin 1999, Daniel Franquin, enseignant de SEGPA,
coordonne les activités de l'académie de Nice,
afin que cette dernière fonctionne en propre sur
ce projet au cours de l'année scolaire 1999-00.
Les
objectifs des enseignants
Maîtrise
de la langue et éducation aux médias
S'exprimer et communiquer sur le projet de réalisation
d'un cyberjournal dans sa classe et hors la classe, avec
les autres correspondants de presse
Analyser les circuits de l'information
Comprendre l'organisation d'un journal et d'un cyberjournal
Différencier les types de textes et types d'écrits
: connaître la presse et en particulier presse écrite
et presse en ligne, dégager et maîtriser les
critères du texte informatif et du texte argumentatif,
connaître et maîtriser les types d'articles
et les particularités de l'écriture journalistique
Comprendre et maîtriser la lecture et l'écriture
sur Internet
Participer et réaliser un cyberjournal diffusé
sur Internet
Nouvelles
technologies
Savoir utiliser un ordinateur et maîtriser le traitement
de textes
Savoir utiliser le courrier électronique
Savoir utiliser Internet: naviguer dans la Cybergazette,
puis dans d'autres cyberjournaux, puis d'autres sites, connaître
et différencier les types de sites, réaliser
une recherche, communiquer sur Interne
Education
à la citoyenneté
Restaurer l'image de soi, valoriser l'élève
en difficulté au sein du système éducatif
et redonner sens aux apprentissages dans le cadre de la
réalisation d'un projet de presse
Eduquer
de jeunes citoyens au sens critique, des citoyens actifs,
capables de produire de l'écrit dans une situation
de communication réelle
Créer des espaces de débats notamment dans
la constitution de conseils de rédaction permettant
aux élèves de s'exprimer et de donner leur
point de vue argumenté sur les articles rédigés
et sur la menée du projet de presse
Développer un réseau d'échanges entre
des établissements participant à un même
projet et constituer des délégations d'élèves
associés aux enseignants dans la coordination du
projet
Organisation
de la Cybergazette
Les
correspondants écrivent des articles, informés
et argumentés, sur les sujets qui les intéressent,
après en avoir débattu en conseil de rédaction.
Ils les transmettent à la classe rédactrice
en chef qui centralise les articles. Les articles sont relus
par des élèves responsables pour chacune des
rubriques proposées. Ils sont traités en fonction
des quatre critères de sélection: article,
langue, intérêt et pérennité
du sujet. S'il en est besoin, l'article est retourné
à son rédacteur avec des propositions de réécriture.
Cette classe retravaille les titres et rédige les
chapeaux. Elle décide si nécessaire de créer
des pages hypertextes sur des mots-liens de l'article (textes,
image, vidéo, site). Cette classe choisit l'arborescence
et garantit le chemin de fer. Elle passe commande des illustrations
auprès des classes non-spécialisées
du collège Henri-Bosco.
Les correspondants peuvent à tout moment s'adresser
à la classe rédactrice en chef pour émettre
des avis et faire des propositions.
Les
rubriques sont: santé, quotidien, monde société,
culture, environnement, sport. La rubrique courrier (cybernautes
curieux ou/et informés ou correspondants s'adressant
à d'autres) doit se transformer en forum.
Chaque bas de page doit comporter un lien pour écrire
au cyberjournal.
La parution trimestrielle est conservée, sachant
que compte tenu de l'organisation d'une année scolaire
les éditions sont concentrées de janvier à
juin. Il reste important de conserver une édition
papier annuelle constituant l'objet à lire et à
garder, lien entre l'écran et l'écrit, en
école et famille.
Il
est indispensable que les dates de tombée d'articles
soient respectées et que l'habitude soit prise d'envoyer
régulièrement des articles pour permettre
l'échelonnage de leur traitement dans la classe rédactrice
en chef. De même, il est important de prendre l'habitude
de communiquer régulièrement avec cette classe
par courrier électronique et de "s'interpeller" au
sujet des articles rédigés. Les boîtes
électroniques sont désormais ouvertes dans
les établissements correspondants de l'académie
d'Aix-Marseille. Il s'agit de développer un réseau
similaire dans l'académie de Nice et de permettre
à chaque classe correspondante d'accéder facilement
à sa boîte électronique et à
Internet, pour lui permettre de lire la Cybergazette
et de communiquer à son sujet pour le moins, d'utiliser
le courrier électronique et Internet pour le mieux.

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