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LES JEUNES ET INTERNET :
représentations, usages et appropriations

CHAPITRE 4

LES USAGES D'INTERNET

La partie du questionnaire permettant de mieux cerner les usages que les jeunes font d’Internet concerne, comme les types d’utilisation, un échantillon limité. Seuls les élèves se déclarant grands utilisateurs ou utilisateurs réguliers d’Internet ont répondu à ces questions, quelque soit leur lieu de pratique.
Par ailleurs, la construction du questionnaire ne nous permet pas de différencier les usages à la maison, à l’école et dans d’autres contextes.

1 - Les différents types d'usages
2 - Les sites visités
3 - Modes et comportements d'utilisation
4 - Le rôle des réseaux sociaux
5 - L'influence sur les pratiques culturelles des jeunes

 

1 - LES DIFFÉRENTS TYPES D'USAGES

 

Internet, pour quoi faire?

Q28 et 45

 

Quand j’utilise Internet à la maison, c’est...

n=172

Quand j’utilise l'ordinateur à la maison, c’est...

n-=355

pour faire mes travaux scolaires

5%

6%

pour mes loisirs

60%

50%

autant pour mes travaux scolaires que pour mes loisirs

33%

41%

* Elèves qui déclarent avoir Internet à la maison et l'utiliser

 

Quand j’utilise Internet à la maison, c’est...

filles

garçons

 

petit utilisateur

utilisateur régulier

grand utilisateur

pour faire mes travaux scolaires

8%

3%

14%

4%

2%

pour mes loisirs

46%

70%

42%

60%

70%

autant pour mes travaux scolaires que mes loisirs

43%

26%

42%

33%

28%

Les jeunes disent utiliser Internet avant tout pour se distraire. Ils l'associent à un moment de détente, qu'il s'agisse purement d'un loisir (musique, cinéma, etc.) ou d’une activité perçue comme plus ludique que scolaire. L’usage exclusivement scolaire est très minoritaire (5%).

L'ordinateur semble ainsi perdre de sa valeur éducative et acquérir une plus grande fonction ludique dès lors qu'il est connecté à Internet : en effet, le nombre de jeunes qui déclarent l'utiliser essentiellement pour leurs loisirs passe de 50% pour un ordinateur simple, à 60% pour un ordinateur connecté. On constate également que plus les jeunes utilisent Internet à la maison, plus leur utilisation est ludique (70% des grands utilisateurs le font pour les loisirs).

Comme pour l'ordinateur, et comme nous l'avons constaté dans les éléments concernant l'utilisation d'Internet à l'école, les garçons ont tendance à associer nettement plus Internet à un loisir (70%) que les filles (46%).

Ainsi, contrairement aux motivations des parents souvent exprimées lors de la prise d'abonnement à Internet, Internet favoriserait une utilisation encore plus ludique de l'ordinateur. Comme nous l'avions vu en étudiant les représentations, Internet est perçu par les adolescents avant tout comme une activité de loisir, sous-entendue "agréable", au contraire d'une activité associée au travail, sous-entendue "sérieuse".

 

Quelles sont les activités des jeunes lorsqu'ils vont sur Internet?

Q5. En général, quand je vais sur Internet...

n=170*

font*

ne font pas

je visite des sites Internet (des pages Web)

90%

7%

je cherche des informations pour mon intérêt personnel

86%

12%

j’utilise les outils de recherche (exemples: Yahoo!, Lycos, Alta Vista)

85%

11%

je cherche des images

81%

17%

je regarde des extraits vidéo ou j’écoute de la musique

72%

26%

j’envoie des messages par courrier électronique (e-mail)

71%

28%

je cherche des informations pour faire mes travaux scolaires

63%

36%

je communique en direct avec d'autres utilisateurs d'Internet (exemples: Chat, IRC, etc.)

56%

41%

je télécharge (download) des jeux vidéo ou des logiciels

46%

52%

je joue à des jeux vidéo en direct avec d'autres utilisateurs d'Internet

34%

65%

je participe à des groupes de discussion (forum, news groups)

32%

65%

je laisse des commentaires sur les sites que je visite

29%

69%

je clique sur les messages publicitaires

26%

74%

je crée moi-même des pages Web

19%

79%

je réponds à des sondages ou à des questionnaires

18%

81%

je commande ou j’achète des produits (exemples: disques, revues, etc.)

9%

89%

* L'échantillon ne prend en compte que les utilisateurs réguliers et les grands utilisateurs.
"Font" regroupent les réponses "à l'occasion", "souvent" et "très souvent". "Ne font pas" regroupent les réponses "jamais" et "rarement". La différence correspond à ceux qui ne se prononcent pas.

De manière générale, la grande majorité des adolescents pratique les activités liées à la recherche d'informations d'une part, et à la communication d'autre part. Toutefois, ils semblent un peu plus nombreux à être portés sur l'Internet documentaire (visite de sites, recherche d'informations, d'images, de musique) que sur l'Internet relationnel (courrier électronique principalement). On notera que les usages réels de ces jeunes ne correspondent pas parfaitement à leurs représentations d'Internet, qu'ils voient avant tout comme un outil de communication.

Les entretiens permettent de recueillir des précisions sur la manière avec laquelle les jeunes pratiquent leurs activités, et sur leurs motivations.

Utiliser des outils de recherche

Les jeunes sont très nombreux à utiliser les moteurs et les annuaires pour la recherche documentaire, et beaucoup en citent spontanément. Mais lorsqu'ils sont sur Yahoo! ou sur Voilà, exemples qu'ils donnent le plus souvent, ils utilisent autant la fonction de recherche que les outils de communication en ligne et les informations sur l'actualité que le site propose. En réalité, ils ne considèrent pas qu'ils "utilisent" les moteurs de recherche, mais plutôt qu'ils "visitent" les sites de moteurs de recherche.

Nous avons ainsi constaté que les jeunes qui disent s'informer avec Internet trouvent généralement leurs informations précisément sur ces sites plutôt que sur les médias en ligne. Leur mode d'information se limite donc à une consultation de brèves, le plus souvent des dépêches d'agence, mais parfois aussi des communiqués de presse relevant du domaine de la promotion et de la publicité de marques plutôt que de l'information.

- "Je consulte des sites d’infos, souvent, sur Yahoo!, dit Claire (17 ans), parfois sur le site du Monde, par exemple pour le Kosovo."

- "Je regardais les infos quand j’étais en Grande-Bretagne, se souvient Thierry (19 ans), pour suivre le sport ou les infos françaises. Je regardais Yahoo! France."

Chercher des images

Voilà une des activités les plus prisées par les jeunes. Ils cherchent des images pour toutes sortes de raisons: pour le plaisir de les regarder, pour les conserver, pour les réutiliser…

- Pour Vincent (14 ans), un bon site est un site où il y a notamment "beaucoup de photos inédites".

- Margaux (14 ans) surfe un peu au hasard, sans rien chercher de particulier, mais dit regarder plus particulièrement les images.

- Adrien (13 ans) cherche des images, notamment liées au cinéma, qu’il télécharge et imprime pour les afficher dans sa chambre.

- Hubert (14 ans) cherche des images de son sport favori, l’haïkido, qu’il montre à des copains ou dont il se sert pour illustrer des dossiers qu’il constitue.

- Avec les images que Jacotte (17 ans) récupère sur Internet, elle constitue parfois des dossiers, réalise des photo-montages et parfois même presse un cédérom pour elle.

Regarder des extraits vidéo ou écouter de la musique

Concernant la musique, les jeunes considèrent souvent qu'ils écoutent de la musique à partir du moment où ils vont sur un site sonorisé, et pas seulement lorsqu'il faut faire une manipulation pour charger un fichier son (type MP3), ce qui élargit considérablement les possibilités d'écoute de musique.

Envoyer des messages par courrier électronique

Lorsqu'ils envoient des messages (71%), les jeunes déclarent le faire "souvent" (25%), mais surtout "très souvent" (32%). Utiliser le courrier électronique ne semble donc pas être une pratique occasionnelle. Elle est d'ailleurs souvent une conséquence du départ ou de la présence à l'étranger d'un membre de la famille, avec lequel on entretient des relations suivies. Mais c’est aussi une des pratiques scolaires les plus répandues, particulièrement à l'école primaire, à en croire les déclarations des élèves (voir l'utilisation à l'école) et comme le montrent les rapports publiés par le ministère de l'Education.

- Pour l'instant, Steve (14 ans) n'utilise pas la messagerie: "Je sais pas avec qui je ferais ça. Mais je vais commencer les e-mails avec mes oncles en Espagne et à Paris."

- Hubert (13 ans) utilise le courrier électronique pour communiquer avec ses correspondants à l’étranger. Il a constaté que les échanges étaient un peu plus fréquents qu'avec le courrier traditionnel. Sans doute, explique-t-il, parce que le papier impose une forme stricte, et que la réponse à un courrier électronique obéit à des règles moins précises. Il a vu un de ses amis communiquer par NetMeeting, mais comme pour le Chat, il ne trouve pas ça très intéressant.

Communiquer en direct avec d'autres utilisateurs d'Internet

Lorsqu'ils évoquent le Chat, les jeunes font généralement référence aux sites WebChat plutôt qu'à l'Internet Related Chat, le WebChat demandant une connaissance et une maîtrise d'Internet moins poussées que l'IRC.
Rappelons que parmi les jeunes qui "chattent", tous ne sont pas des inconditionnels. Comme nous l'avons remarqué à propos des représentations, plusieurs émettent même des critiques sévères sur cette forme de communication  qu’ils jugent plutôt insignifiante car elle ne conduit qu’à des relations superficielles, si bien que leur intérêt s’est vite émoussé et leur pratique du Chat n’a souvent pas dépassé quelques séances sans suite.
Notons également que si le Chat est pratiqué par plus de la moitié des jeunes interrogés, un quart d'entre eux déclare néanmoins ne l'avoir jamais utilisé.

- Margaux (14 ans) déclare communiquer beaucoup par Internet. Elle discute avec ses amis qu’elle retrouve dans les "salons", mais aussi avec des gens qu’elle rencontre là. Elle se sert du Chat pour faire connaissance et utilise ensuite le courrier électronique pour échanger sur des sujets plus personnels. Elle dit s'être fait des amis et avoir rencontré certains d'entre eux, ceux qui habitent en France. Margaux dit fréquenter aussi, parfois, les forums concernant les séries télévisées: elle les utilise pour connaître le résumé des épisodes qu’elle a manqués.

- "J’ai abandonné les jeux en direct, explique Axel (13 ans), mais je fais du Chat, beaucoup. Surtout le soir, quand je ne sais pas quoi faire. Je préfère cela aux e-mails. J’envoie des petits messages à des gens pour dire "Bonjour!", mais je mets presque toujours une pièce jointe avec des documents, des démos ou des photos. Parfois aussi pour demander quelque chose."

- Pour certains, comme Pauline (12 ans), le Chat est assimilé à un jeu en direct sur Internet. "Parfois, raconte-t-elle à propos de séances de Chat, on se fait passer pour d’autres gens, des gens de 20 ans, c’est plus amusant".

Jouer à des jeux vidéo en direct avec d'autres utilisateurs d'Internet

34% des jeunes déclarent jouer à des jeux vidéo en direct. Il est toutefois possible qu'ils ne "jouent" pas vraiment, mais qu'ils aient des pratiques autour du jeu, beaucoup semblant n'avoir lu que la première partie de la question ("je joue à des jeux vidéo"). Lors des entretiens, les jeunes précisent souvent qu'ils vont sur Internet chercher des solutions de jeux vidéo sur PlayStation, des règles de jeux de rôle, ou éventuellement qu'ils chargent de nouveaux jeux.
Notons là encore que plus de la moitié d'entre eux déclarent n'avoir jamais pratiqué cette activité sur Internet.

"Je vais sur Internet surtout pour les jeux, dit Steve (13 ans). Les jeux, c’est pour trouver des solutions. Je vais régulièrement sur six sites, toujours les mêmes, pour chercher de nouvelles règles, par exemple pour mes figurines. Je vais dans des boutiques de jeux et je vois sur Internet s’il y a de nouvelles règles ou de nouveaux personnages."

Participer à des groupes de discussion

Lors des entrevues, nous avons constaté que les jeunes ne savent pas très bien ce que sont ces groupes de discussion, qu’ils confondent souvent avec le Chat ou les services de messagerie électronique.

Claire (17 ans) pense visiblement au Chat quand elle relate son expérience: "Les groupes de discussion m’ont vraiment déçue. C’est superficiel. Surtout quand on est une fille, tous les mecs tournent autour, ils ne parlent que de sexe."

Cliquer sur les messages publicitaires

Les réponses à cette question sont difficiles à interpréter. La formulation de la question suppose que les jeunes identifient clairement ce qui est du domaine de la publicité et ce qui relève de l'information. Or, nous avons remarqué que les jeunes ne sont pas toujours conscients de cliquer sur des messages publicitaires lorsqu'ils le font en surfant sur le Web.

Créer eux-mêmes des pages Web

Les jeunes ne montrent pas beaucoup d'intérêt pour la conception de pages personnelles. Il semble qu'ils perçoivent Internet presque exclusivement comme un lieu de consultation et de communication, et non comme un lieu de création. Les rares créateurs de pages Web l'ont fait une fois, avec leur père ou leur mère, ou plus souvent dans le cadre des cours de technologie. Lorsque l'activité prend place à l'école, elle constitue un "devoir" à réaliser selon des paramètres déterminés par l’enseignant et des objectifs pédagogiques précis, et sert généralement à démontrer la capacité des jeunes à mettre à profit des compétences acquises plutôt qu'à abriter une parole spécifique destinée à être diffusée. D’ailleurs, ces pages sont souvent hébergées sur des serveurs dont l’accès est limité.

Commander ou acheter des produits

De toute évidence, les transactions en ligne des jeunes se trouvent limitées par l'absence de carte de crédit personnelle. Mais la limite est aussi celle qu'ils se donnent : lors des entretiens, comme nous l'avons mentionné à propos de leurs représentations d'Internet, ils expriment des réserves sur l'intérêt du commerce électronique et de la méfiance sur le fonctionnement de ce service.

 

Q5. En général, quand je vais sur Internet...

 

oui* n=170

 

 

filles

garçon

 

utilisateur régulier

grand utilisateur

je visite des sites Internet

90%

85%

93%

85%

97%

je cherche des informations pour mon intérêt personnel

86%

90%

84%

84%

90%

j’utilise les outils de recherche

85%

77%

90%

81%

91%

je cherche des images

81%

77%

83%

77%

87%

je regarde des extraits vidéo ou j’écoute de la musique

72%

68%

75%

66%

82%

j’envoie des messages par courrier électronique (e-mail)

71%

81%

66%

60%

88%

je cherche des informations pour faire mes travaux scolaires

63%

76%

56%

52%

79%

je communique en direct avec d'autres utilisateurs d'Internet

56%

60%

55%

40%

81%

je télécharge (download) des jeux vidéo ou des logiciels

46%

24%

59%

36%

62%

je joue à des jeux vidéo en direct avec d'autres utilisateurs d'Internet

34%

15%

44%

26%

44%

je participe à des groupes de discussion

32%

35%

31%

19%

53%

je laisse des commentaires sur les sites que je visite

29%

26%

31%

20%

43%

je clique sur les messages publicitaires

26%

21%

29%

25%

26%

je crée moi-même des pages Web

19%

10%

25%

12%

31%

je réponds à des sondages ou à des questionnaires

18%

13%

20%

11%

28%

je commande ou j’achète des produits

9%

10%

9%

2%

21%

"Oui" regroupe les réponses "à l'occasion", "souvent" et "très souvent".

Filles et garçons ont beaucoup de pratiques identiques: les unes et les autres sont très nombreux à déclarer visiter des sites Internet, utiliser les outils de recherche, regarder des extraits vidéo ou écouter de la musique, et peu nombreux à participer à des groupes de discussion, répondre à des sondages ou à des questionnaires, commander des produits, cliquer sur des messages publicitaires, laisser des commentaires sur les sites visités.

Globalement et comme nous l'avons remarqué à plusieurs reprises, les filles ont des pratiques assez proches de celles des petits utilisateurs et des jeunes garçons. Toutefois, elles semblent utiliser un peu plus que les garçons les outils de communication d’Internet, que ce soit en direct sur des canaux de Chat ou en différé par messagerie (81% des filles, 66% des garçons), surtout si elles ont plus de 15 ans (87%). Dans les entretiens, elles décrivent plus volontiers que les garçons leurs sessions sur le Chat, confirmant ainsi leur intérêt pour cette pratique.

Certaines pratiques sont plus fortement masculines: jouer en direct avec d’autres (44% de garçons et 15% de filles), télécharger des jeux vidéo ou des logiciels (59% des garçons, alors que les filles sont 58% à déclarer ne jamais le faire, et que pas une seule fille de moins de 15 ans ne déclare télécharger très souvent).
D'autres pratiques sont plus féminines, en particulier la recherche d’informations pour des travaux scolaires (sur 63% de jeunes qui déclarent avoir cette pratique, les filles sont 76% à le faire, principalement les plus de 15 ans).

Les grands utilisateurs semblent avoir une pratique plus diversifiée que les autres.
- Ils se servent nettement plus que les autres des outils de communication d’Internet: 81% déclarent utiliser le Chat, sur une moyenne de 56%,
- ils utilisent un peu plus ou autant l’Internet documentaire,
- et nettement plus, mais peu en quantité absolue, l’Internet transactionnel: si seuls 9% des utilisateurs déclarent commander sur Internet ou essayer de le faire-, les grands utilisateurs sont 21% à déclarer le faire, mais à l’occasion.

Nicolas (18 ans) connaît bien Internet et l'a mis au service de sa passion, l’aviation. Pour cela, il l'utilise avant tout comme outil documentaire, mais aussi comme outil de communication. Il cherche dans les sites spécialisés des informations sur les nouveaux prototypes, et s’il ne trouve pas parce que le site n’a pas été mis à jour, il va sur le Chat du site pour demander directement le renseignement. Le Chat est alors un outil qui lui permet de s’informer plus en profondeur, ou de donner lui-même des renseignements à d’autres personnes. Il joue également, avec des jeux de simulation d’aviation.
Les sites Internet sont pour Nicolas complémentaires des magazines spécialisés. "Avec Internet, on a très vite des fiches techniques et des données brutes, mais avec la presse, on a l’historique, l’analyse, etc." Nicolas utilise aussi les sites personnels sur l’aviation pour obtenir des photos qu’on ne trouve pas dans la presse. Il imprime les documents qui l’intéressent pour constituer des dossiers.

Ces jeunes ont développé des activités spécifiques, qui sont propres à cette période de la vie. En effet, il semblerait que les adultes soient nettement moins concernés par la recherche d'images sur Internet (alors que cette activité occupe 81% des adolescents), ou par le visionnement d'extraits vidéos et l'écoute de musique (qui occupent 72% d'entre eux).

Autre activité caractéristique de ce groupe d'âge, la communication sur Internet par le Chat concerne plus de la moitié des jeunes interrogés. On peut raisonnablement penser que le bavardage en direct sur Internet reste l'apanage des jeunes. Il s'inscrit d'ailleurs dans la lignée des comportements d'usage intensifs constatés en téléphonie; en effet, cette utilisation relativement importante des moyens de communication s'expliquerait par le besoin de contact permanent avec le réseau amical, qui est caractéristique de cet âge.

1 - Les différents types d'usages
2 - Les sites visités
3 - Modes et comportements d'utilisation
4 - Le rôle des réseaux sociaux
5 - L'influence sur les pratiques culturelles des jeunes

 

2 - LES SITES VISITÉS

 

Q7. Habituellement, quand je vais sur Internet, je visite des sites de…

n=170*

Oui*

 

filles

garçons

Arts, spectacles et divertissement (cinéma, télévision, vedettes, groupes de musique, expositions, mode, etc.)

72%

79%

68%

Jeux (jeux vidéo, simulations, war games, arcades, etc.)

66%

37%

82%

Communication en ligne (Chat, forums, groupes de discussion, débats)

53%

56%

51%

Sports (foot, vélo, tennis, basket, course automobile, etc.)

51%

32%

62%

Informatique et Internet (multimédia, logiciels, mises à jour)

51%

29%

64%

Actualité et information (bulletins de nouvelles radio/télévision / journaux; sujets d’actualité, dossiers spéciaux, etc.)

50%

52%

49%

Loisirs (hobbies, plein air, bricolage, etc.)

44%

32%

50%

Sciences et technologies (sciences de la nature, astronomie, écologie, biologie, etc.)

41%

32%

46%

Exploration géographique (régions du monde, les villes et les pays étrangers, leurs habitants, etc.)

38%

35%

39%

Références et annuaires (météo, cartes, pages jaunes, horaires, etc.)

35%

35%

35%

Sciences humaines (histoire, civilisations, religions, psychologie, etc.)

35%

42%

31%

Éducation (sites éducatifs; information sur les écoles, sur les programmes scolaires)

25%

32%

20%

Autres types de sites

15%

6%

19%

Institutions et politique (gouvernements, parlement, partis politiques, municipalités, etc.)

11%

13%

10%

Commerce et économie (emploi, compagnies, produits, télé-achats, etc.)

8%

5%

10%

* L'échantillon ne prend en compte que les utilisateurs réguliers et les grands utilisateurs.
"Oui" regroupent les réponses à "à l'occasion", "souvent" et "très souvent".

Comme on le constate à nouveau avec ce tableau, les sites les plus populaires chez les jeunes se rapportent au divertissement. On ne s'étonnera pas de trouver, aux premières places, des sites liés aux spectacles, aux jeux et à la communication, étant donné l'importance de ces sujets pour les adolescents en général.

Les utilisateurs étaient invités à cocher les cases correspondant à leurs domaines de prédilection, mais aussi à indiquer sur le questionnaire le nom de trois de leurs sites préférés. Un tiers d'entre eux environ n'a pas répondu du tout à cette question ouverte. Sur les 170 répondants, 110 (68%) ont cité un site, 92 (54%) en ont cité deux, et 74 (43,5%) trois.

Parmi les sites les plus souvent mentionnés, on trouve là encore les sites de médias (les chaînes de télévision et les stations de radio les plus populaires chez les jeunes comme M6, TF1 ou Skyrock, plus rarement des séries télévisées), les sites de jeux et dans une moindre mesure ceux de sport. Mais les sites les plus fréquemment nommés sont ceux des fournisseurs d'accès et des moteurs de recherche, qui d'ailleurs parfois se confondent. A cette liste vient parfois s’ajouter le nom de sites sortant de l’ordinaire, qui témoignent de l’intérêt personnel du jeune pour un domaine particulier: l'histoire, l'aviation, le hockey, des jeux particuliers, etc.

Les sites des médias sont utilisés généralement pour une recherche d'information concernant l'actualité. Séverine (15 ans) a ainsi cherché des documents sur la tempête de décembre 1999 en France en tapant le nom d’un quotidien régional.

Mais ce n'est pas toujours le cas. S'il était confronté à une recherche sur, par exemple, les ours, Franz (12 ans) taperait TF1, faute de savoir comment s'y prendre autrement.

Là encore, filles et garçons ont beaucoup de sujets d’intérêt communs, mais on retrouve les domaines typiquement masculins auxquels les filles s’intéressent peu: les sites de sport (62% de garçons, 32% de filles), d’informatique (64% de garçons, 29% filles), de jeux (82% de garçons, 37% de filles), et de façon moins nette les sites de sciences et technique ou de loisirs.
Les filles vont un peu plus sur les sites éducatifs (ce qui reste une pratique globalement minoritaire), et les sites de communication en ligne (surtout les filles plus âgées).

1 - Les différents types d'usages
2 - Les sites visités
3 - Modes et comportements d'utilisation
4 - Le rôle des réseaux sociaux
5 - L'influence sur les pratiques culturelles des jeunes

 

3 - MODES ET COMPORTEMENTS D'UTILISATIONS

 

Les comportements de consultation

Q 8 et 9.

n=170

oui

 

filles

garçons

Il m'arrive de retourner sur des sites

Internet que j'ai déjà visités...

91%

87%

93%

Quand j'utilise Internet, j'imprime

les pages qui s'affichent à l'écran...

63%

73%

57%

Les jeunes interrogés, filles et garçons, déclarent massivement retourner sur les mêmes sites. Cette fidélité aux sites préférés est d'autant plus nette que les élèves sont plus âgés et sont de plus grands utilisateurs.
En revanche, les filles ont nettement plus que les garçons recours à l'impression de pages, et moins à la capture d’écran ou au téléchargement. Est-ce lié aux pratiques "féminines" mises en lumière précédemment, les filles préférant les sites éducatifs et les garçons plutôt les sites de jeux et d'informatique, et/ou au moindre goût des filles pour la dimension informatique d'Internet ?

En entretiens, nous avons fréquemment invité les jeunes à décrire leurs séances de sur Internet. Lorsqu'il ne s'agit pas purement et simplement d'un surf aléatoire mené au hasard des liens hypertexte, les visites de sites ressemblent davantage à un "petit tour" dans des lieux connus, où l'on passe pour voir s'il y a quelque chose de neuf, plutôt qu’à une découverte d'horizons nouveaux. Internet est plutôt utilisé pour creuser un domaine dont on est proche (un passe-temps par exemple), et vient conforter un territoire déjà balisé.
Il est frappant de constater que les jeunes sont majoritairement peu curieux, ou tout au moins se sentent impuissants devant la richesse du Web, qu'ils disent souvent ne pas savoir aborder tous seuls. Les adolescents les moins aguerris ou les plus jeunes visitent avant tout les sites de marques qui leur sont familières, qu'il s'agisse de médias ou d'entreprises commerciales. Ces sites représentent souvent pour eux une porte d'accès à Internet. Il semble en outre que plusieurs d'entre eux soient allés à la découverte du Web en tapant le nom d'une série télévisée.

Arnaud (13 ans) va sur le site Miko avec ses amis pour y jouer. Il se souvient aussi "avoir fait le site Star Wars", des sites de marques (il cite Nike, Adidas…), TF1 pour trouver des informations de foot, de rugby…, Skyrock pour voir la photo des animateurs.

 

Q 13. Habituellement, quand je vais sur des sites Internet...

n=170

oui

 

filles

garçons

je navigue en cliquant sur des mots ou des images

83%

87%

80%

je cherche des sites précis avec les outils de recherche (Exemples: Yahoo!, Lycos, Alta Vista, etc.)

83%

81%

85%

je vais sur des sites en écrivant l’adresse (exemple: http://www...)

78%

69%

82%

j'essaie de trouver des sites en imaginant leur adresse (exemple: http://www...)

46%

29%

56%

j'utilise des signets (bookmarks)

24%

13%

31%

 

Les jeunes interrogés, filles et garçons, ne semblent pas privilégier un mode de consultation des sites plutôt qu'un autre: ils sont autour de 80% à déclarer utiliser l'hypertexte, les moteurs et à écrire des adresses.
Les petits utilisateurs, mais également des utilisateurs réguliers, ont généralement une pratique qui se limite à un surf aléatoire du Web.

- Séverine (15 ans) dit "ne pas trop savoir où aller", navigue au petit bonheur avec l’hypertexte et regarde les pages sans vraiment lire. Elle ne sait pas bien ce qu’est un moteur de recherche, même si elle connaît le nom Yahoo!, et ne s’est jamais rendu compte que sa page d’accueil était celle d’un moteur. Elle ignore l’existence des signets.

- Même constat pour Franz (12 ans), utilisateur régulier. Il passe toujours par la fonction recherche de son hébergeur et tape "NHL" (national hockey league). Il arrive "sur des informations sur la NHL, des photos et une liste de sites". Pour choisir dans cette liste, il parcourt les notices et s'arrête plutôt sur les "galeries d'images". Ou bien il explore les liens un par un. S'il va sur un site qui ne lui plaît pas, il clique sur "précédent" pour revenir toujours à la liste initiale. Il "clique au hasard" sans trop savoir ce qu'il va trouver derrière le lien, parce qu'il pense que "c'est toujours sur le même sujet". Pourtant, "ça arrive souvent que ce ne soit pas sur le même sujet".

- Arnaud (13 ans) ne sait pas bien décrire son mode de consultation. Pour entrer sur un site, il dit toujours taper l’adresse complète, qu’il a repérée dans les publicités. Mais au fil de l'entretien, il s'avère qu'il utilise aussi des moteurs (il cite Voilà, sans savoir de quoi il s'agit).

- Mylène (14 ans) explique: "pour trouver les sites, j’ai tapé au hasard: .com ou .fr. Je connais les styles d’adresses par la pub ou à la radio."

Pour bon nombre de jeunes, la pratique qui consiste à naviguer sur le Web en écrivant directement l’adresse supposée d’un site, plutôt que d’utiliser les moteurs de recherche, est un révélateur de la manière dont ils s’approprient Internet. En effet, c’est là une intégration du vocabulaire, du jargon d’Internet: les "www" leur deviennent aussi familiers que le code postal de leur résidence, et l'organisation des adresses simples leur devient parfois transparente au point qu'ils sont capables de la transposer.

Lorsque nous leur avons demandé pourquoi ils préfèrent procéder de cette façon plutôt que d’utiliser un moteur de recherche, les jeunes utilisateurs mentionnent qu’ils trouvent souvent cela plus rapide. A leur avis, le moteur de recherche fournit une liste de pages qui, bien souvent, n’ont rien à voir avec ce qu'ils attendent. Ils estiment que de tenter de reconstituer l’adresse d’un site est une technique assez efficace. A cela vient s’ajouter le fait que de plus en plus, les médias indiquent l’adresse précise des sites dont ils parlent. Les jeunes se sont donc habitués à surfer en inscrivant directement l’adresse. De plus, ils nous disent qu'ils naviguent souvent sur les mêmes sites. Il est donc facile et naturel pour eux de mémoriser les adresses de leur petite dizaine de sites préférés.

En revanche, les 3/4 des jeunes interrogés déclarent ne pas se servir des signets. Les entretiens montrent qu'en réalité, ils ignorent simplement leur existence. Que l'on parle de signet, de favori, de bookmark, nombre d'entre eux ne voient pas ce dont il s'agit. Il est vrai que l'utilisation de signets est liée à un rapport privé aux documents, ce que la consultation d'Internet dans un lieu public ou à l'école (en réseau) ne permet pas facilement. On constate d'ailleurs que les jeunes qui ont Internet à la maison sont plus nombreux, mais toujours rares, à utiliser les signets (27%, contre 10% qui n'ont pas Internet chez eux).

- Certains d’entre eux, comme Thierry (19 ans), développent des stratégies de remplacement pour indexer leurs pages préférées: "Pour les signets, j’ai un répertoire papier avec les adresses les plus utilisées."

- Axel (13 ans) préfère les signets, mais notre questionnaire lui a donné des idées: "J'ai une cinquantaine de signets, mais depuis le questionnaire, j'essaie d'imaginer les adresses, pour voir."

En moyenne, les filles semblent avoir des modes de consultation moins variés que les garçons. Elles sont beaucoup moins nombreuses à trouver un site en écrivant une adresse, en l'imaginant ou en utilisant des signets. Est-ce dû à une moins grande connaissance du fonctionnement d'Internet, les filles ayant découvert Internet plus tard que les garçons? Est-ce lié à une aisance plus grande des garçons avec l'ordinateur?

 

Le choix de la langue

Q 10, 11 et 12. Je vais sur des sites Internet...

n=170*

oui*

 

filles

garçons

en français (langue maternelle)

86%

89%

83%

en anglais

73%

63%

79%

en d'autres langues

20%

18%

21%

 

Q 41 a et b. Quelle est ta connaissance de l'anglais ?

n=524

assez bien

et très bien

 

filles

garçons

je parle anglais

45%

43%

46%

je lis l'anglais

49%

46%

51%

Rappelons au préalable que, selon une étude de la société Inktomi réalisée en janvier 2000, sur plus d'un milliard de pages Web recensées, 86,6% sont en anglais et 2,4% en français.
Les jeunes vont prioritairement sur des sites en français (86%), mais aussi très souvent en anglais (73%). Il leur arrive également de visiter des sites en une autre langue (20%). C'est alors l'espagnol qui est cité en premier, devant huit autres langues (arabe, portugais, créole, tamoul…). Les entretiens montrent que ces déclarations correspondent soit à une pratique familiale, soit à des usages pédagogiques en classe de langue étrangère.

On constate que les jeunes Parisiens sont moins nombreux (79%) que les Rochelais (94%) à déclarer visiter des sites en français, et plus nombreux pour les autres langues. Il se pourrait qu'il s'agisse là de l'effet d'une capitale cosmopolite sur les jeunes.
On remarque également que les garçons sont plus nombreux que les filles à déclarer visiter des sites en anglais. Cela peut s’expliquer par le type de sites qu’ils disent fréquenter régulièrement (technique, informatique), qui sont souvent anglophones.

- Franz (12 ans) dit visiter beaucoup plus souvent des sites en anglais qu'en français, ce qu'il explique facilement: la première page qui s'affiche lors de sa connexion est en anglais, et donne des liens vers des sites anglophones. Cela lui convient bien puisque ses sites favoris concernent le hockey sur glace et qu'ils sont en anglais.

- Adrien (13 ans) explique que pour éviter de tomber sur des sites en anglais, il choisit plutôt des sites en .fr, ou des sites dont il sait qu’ils sont bilingues.

Eprouvent-ils des difficultés devant des sites en anglais? Une petite moitié de l'échantillon estime avoir une bonne maîtrise de l'anglais: 45% déclarent bien parler l'anglais, et 49% bien le lire. Les pourcentages grimpent avec l'âge, mais surtout en fonction de la présence d'Internet à la maison et de son degré d'utilisation: 66% des grands utilisateurs déclarent bien parler l'anglais, et 82% bien le lire. Internet contribue-t-il à l'acquisition de connaissances en langue anglaise, ou faut-il maîtriser l'anglais pour développer une pratique régulière d'Internet? Ces jeunes surévaluent-ils leurs performances personnelles? Les entretiens apportent sur ce sujet quelques d'éclairages:

- Franz (12 ans) reconnaît comprendre très mal l'anglais (il a commencé à l'étudier l'année précédente au collège). Pourtant, sur Internet, l'anglais ne lui pose pas de problèmes puisqu'il cherche "très souvent des images". Des images "pour les regarder", comme il regarde les images d'un magazine.

- Claire (17 ans) choisit plutôt des sites en français: "Je ne suis pas encore au point en anglais. C'est trop lourd de tout traduire".

- "L'anglais est un obstacle, reconnaît Mylène (15 ans). Je laisse si je tombe sur un site en anglais."

Il semble donc que la consultation des sites se fasse surtout en français. Mais la compétence linguistique semble avoir un impact minimum sur le choix des sites. En effet, un jeune sur deux estime qu'il comprend pas, très peu ou pas du tout l'anglais, mais plus de sept sur dix consultent quand même des contenus rédigés dans cette langue. Dans cette perspective, la langue ne semble pas un critère de sélection très important des sites visités.

 

Un profil particulier: celui des grands utilisateurs

Q8 à Q12

 

échantillon
n=170

utilisateurs réguliers

grands utilisateurs

Il m'arrive de retourner sur des sites Internet que j'ai déjà visités…

 

à l'occasion

souvent

très souvent

26%

46%

18%

 

90%

24%

58%

9%

 

90%

29%

29%

32%

 

91%

Je vais sur des sites Internet en français...

 

à l'occasion

souvent

très souvent

13%

38%

35%

 

86%

11%

37%

35%

 

83%

16%

38%

34%

 

88%

Je vais sur des sites Internet en anglais...

 

à l'occasion

souvent

très souvent

23%

32%

18%

 

73%

23%

30%

13%

 

66%

24%

35%

25%

 

84%

je navigue en cliquant sur des mots ou des images

 

à l'occasion

souvent

très souvent

19%

43%

21%

 

83%

24%

43%

12%

 

79%

12%

43%

34%

 

89%

je cherche des sites précis avec les outils de recherche

 

à l'occasion

souvent

très souvent

12%

34%

37%

 

83%

15%

42%

23%

 

80%

9%

22%

59%

 

90%

je vais sur des sites en écrivant l’adresse

 

à l'occasion

souvent

très souvent

24%

24%

30%

 

78%

31%

24%

22%

 

77%

13%

24%

43%

 

80%

j'utilise des signets (bookmarks)

 

à l'occasion

souvent

très souvent

10%

8%

6%

 

24%

7%

6%

2%

 

15%

15%

10%

13%

 

38%

j'essaie de trouver des sites en imaginant leur adresse (exemple: http://www...)

 

à l'occasion

souvent

très souvent

25%

14%

7%

 

46%

24%

15%

8%

 

47%

26%

13%

6%

 

45%

Les grands utilisateurs ont un comportement légèrement différent des utilisateurs réguliers. S'ils disent imprimer des pages aussi souvent que les autres, ils usent de tous les modes de navigation, n’hésitant pas à diversifier leurs pratiques. Ils vont autant que les autres sur des sites en français, mais beaucoup plus que les autres sur des sites en anglais.

1 - Les différents types d'usages
2 - Les sites visités
3 - Modes et comportements d'utilisation
4 - Le rôle des réseaux sociaux
5 - L'influence sur les pratiques culturelles des jeunes

 

4 - LE RÔLE DES RÉSEAUX SOCIAUX

 

4 - Le rôle des réseaux sociaux

Comment les jeunes découvrent-ils de nouveaux sites?

Q14. En général, je découvre des sites Internet grâce à....

n=170

oui

mes amis

75%

mes frères et sœurs

31%

mes parents

29%

mes professeurs

12%

 

la télévision ou la radio

71%

des magazines et des journaux

75%

d'autres sites Internet

58%

Pour découvrir de nouveaux sites, les jeunes, filles et garçons, ont massivement recours ou font massivement confiance à leurs amis et aux médias.

Les amis sont une bonne source de découverte pour les jeunes qui n'ont pas Internet à la maison. Or on peut penser que ce sont ceux-là aussi qui utilisent Internet chez les amis. Les amis paraissent également jouer un rôle particulièrement important pour les élèves de quatrième (environ 14 ans). Ils sont 94% à déclarer avoir découvert des sites grâce à leurs amis, partageant sans doute des complicités sur des sujets communs.
Lorsqu'ils sont entre eux, les jeunes semblent parler peu des sites qu'ils ont visités. En revanche, le Chat serait un vrai sujet de conversation, en particulier chez les filles. Plusieurs filles non utilisatrices ont dit en entretien ne connaître d'Internet que le Chat, par les récits que leur en font leurs amies.

La presse écrite pourrait receler la même importance que les amis, en particulier pour les plus âgés (81% des plus de 15 ans, 68% des moins de 15 ans). Rien d'étonnant à cela quand on sait combien les magazines regorgent de références concernant des sites Internet qui se rapportent aux sujets traités.
Lorsqu'on les interroge, les jeunes mentionnent la presse spécialisée (magazines de sport, de musique, d’informatique …) et la presse des jeunes.

- Margaux (14 ans) a recours à la presse écrite. Elle dit avoir découvert une encyclopédie en ligne dans le magazine pour jeunes L’Actu.

- Alexandre (15 ans): "Je trouve des adresses dans des magazines et je les note sur un papier pour les essayer. C’est surtout sur la musique et parfois sur les films. L’info, les jeux, jamais."

Les médias audiovisuels jouent aussi un rôle très important. Les jeunes disent repérer des sites surtout dans les flashs publicitaires, plus rarement par des annonces faites pendant des émissions (scientifiques notamment). Ils semblent ne pas identifier clairement s'ils sont alors face à une publicité ou face à une information. En tout cas, ils ne s'en soucient pas et font feu de tout bois pour repérer de nouvelles adresses.

- Séverine (15 ans) déclare être allée sur des sites dont elle avait entendu l’adresse à la radio et à la télévision: elle cite NRJ, Fun radio, c’est-à-dire le site d’entreprises qu’elle connaît déjà.

- Alexia (12 ans) ne connaît presque rien d'Internet, mais apprend à le connaître par la télévision: "A la télé, je vois des choses sur les achats sur Internet: des commandes de nourriture en direct, d’un nouveau frigo, dans le JT je crois. Je peux reconnaître des adresses. Elles commencent par www."

Les adultes, que ce soit la famille (parents, fratrie) ou les enseignants, ne sont pas une source d’information sur les sites pour la grande majorité des jeunes. Seuls les frères et sœurs peuvent jouer un rôle quand il y a Internet à la maison.

Que les jeunes soient des utilisateurs réguliers ou de grands utilisateurs, leurs sources d'information sont les mêmes. A l'exception notable de la découverte via d'autres sites Internet pour les grands utilisateurs, les trois-quarts d'entre eux déclarant découvrir des sites en naviguant.

 

Les réseaux amicaux

Q15. Je me suis fait de nouveaux amis sur Internet

 

échantillon
n=170

 

filles

garçons

 

plus de 15 ans

moins de 15 ans

 

utilisateur régulier

grand utilisateur

oui

41%

50%

36%

40%

43%

26%

63%

non

57%

50%

61%

59%

54%

72%

35%

 

Quatre jeunes sur dix déclarent s'être fait des amis sur Internet. Ce pourcentage peut paraître élevé mais pour ces jeunes, la notion d'amis ne recouvre sans doute pas la même représentation que celle des adultes.
Des différences se font sentir entre les filles et les garçons, mais c'est le degré de pratique d'Internet qui est le plus signifiant: seuls les jeunes qui se sentent grands utilisateurs d'Internet déclarent, massivement, s'être fait des amis sur le réseau.

1 - Les différents types d'usages
2 - Les sites visités
3 - Modes et comportements d'utilisation
4 - Le rôle des réseaux sociaux
5 - L'influence sur les pratiques culturelles des jeunes

 

5 - L'INFLUENCE SUR LES PRATIQUES CULTURELLES DES JEUNES

 

Q29. Depuis qu’il y a Internet à la maison...

n=172*

moins qu'avant

autant qu'avant

plus qu'avant

je n'ai pas d'appareil
(télévision magnétoscope, console)

je regarde la télévision

34%

59%

1%

5%

je regarde des cassettes vidéo (magnétoscope)

20%

67%

3%

8%

je joue avec la console de

jeux vidéo (Nintendo, Sega, Genesis, Play Station)

18%

33%

5%

41%

j’écoute de la musique

3%

68%

27%

-

je lis pour mon plaisir (livres, BD, magazines)

14%

76%

9%

-

je passe du temps à la maison

8%

78%

12%

-

* Elèves qui déclarent avoir Internet à la maison et l'utiliser

 

Il semble qu'Internet n'ait qu’une incidence limitée sur les pratiques culturelles des jeunes à la maison, et qu'elle soit la même pour les garçons et les filles. Leur fréquentation d'Internet semble surtout engendrer une baisse de leur consommation de télévision, mais une hausse de l'écoute de musique.

Jacotte (17 ans) utilise Internet "très souvent", surtout le weekend. Pourtant, Internet semble passer en dernier dans ses loisirs: elle dit l'utiliser le soir assez tard, quand elle est "tranquille dans le salon, quand il n'y a rien à la télé, quand j'ai fini un livre, que j'ai du temps".

La télévision est sans doute la plus touchée par l’arrivée d’Internet dans les foyers: 34% des jeunes déclarent la regarder moins qu’avant. Il s’agit toutefois d’un genre particulier de télévision: c’est plutôt la télévision "tapisserie" qui est concernée, celle que l’on regarde lorsqu’on n’a rien d’autre à faire, celle qui vise à tuer le temps, qui détend, celle vers laquelle on se tourne lorsqu’on n’a pas envie de s’engager dans une activité de loisir qui exige une participation active.
Les entretiens montrent que les jeunes qui ont Internet chez eux restent fidèles aux émissions télévisées qu'ils aiment, qu'ils regardent la télévision davantage pour un programme précis que pour passer le temps et portent un autre regard, plus critique, sur l'offre télévisuelle. Ils portent parfois des jugements sévères sur la télévision, à qui plusieurs adolescents reprochent "d’imposer" ses programmes et de ne pas offrir, comme Internet, l’occasion de rapports interactifs.
La consommation de télévision se modifie de façon plus nette chez les grands utilisateurs d’Internet (56% d’entre eux déclarent la regarder moins qu’avant). D’autres affirment pratiquer les deux activités en même temps.

- Internet a modifié la pratique de télévision de Nicolas (18 ans), qui dit sélectionner davantage ce qu’il regarde à la télévision. "Avant je pouvais me mettre devant la télé même si c’était pas terrible, alors que maintenant s’il n’y a rien à la télé, je vais chez un copain et on se met sur Internet." Pourtant, Nicolas préfère la télévision à Internet, parce que "c’est plus simple et parce qu’on nous parle, on n’a pas besoin de lire".

- "Internet, raconte Steve (13 ans), ça ne change rien à la télé. Je fais les deux en même temps. Dès que je me mets sur l’ordinateur, j’aime bien que la télé soit allumée."

La musique accroît sa place avec l’arrivée d’Internet: 68% des jeunes déclarent en écouter autant qu’avant, mais 27% disent en écouter plus qu’avant. C’est la seule pratique culturelle traditionnelle proposée qui augmente chez un grand nombre de jeunes. Certains entretiens font penser que le cinéma pourrait être dans le même cas, les jeunes s'informant volontiers par Internet sur les films qui vont sortir.
Il convient toutefois de tempérer ces pourcentages. Des enquêtes ont montré que, dans cette tranche d'âge, les jeunes écoutent de plus en plus de musique en vieillissant. L'arrivée d'Internet peut amplifier le phénomène, ce que montre l'écart entre petits (17%) et grands utilisateurs (40%), mais ne le résume pas.
Quant à "l'écoute" de la musique, les jeunes disent clairement en entretiens qu'ils écoutent volontiers de la musique en même temps qu'ils consultent Internet. Leur consommation de musique semble donc augmenter à la fois par le fait qu'Internet permet d'accéder à des fichiers sons ou de consulter des sites sonorisés, mais aussi parce qu'écouter de la musique se marie facilement avec la pratique d'Internet.

- Axel (13 ans): "Je charge souvent des MP3 et je les garde dans mes documents comme ça, ça me remplace la radio (j’ai pas de hi-fi)."

- Quand Vincent (14 ans) se met sur Internet, il coupe le son et met en route la télévision ou sa chaîne hifi.

La lecture "pour le plaisir" est la pratique culturelle la moins touchée par Internet, quel que soit le sexe et l’âge des jeunes: 14% déclarent lire moins qu’avant, 76% autant et 9% plus qu’avant. Les jeunes semblent vouloir continuer à lire ce qu'ils aiment.

Mylène (14 ans) reconnaît n'être "pas fana des bouquins", mais aimer lire "des magazines de potins".

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© CLEMI, mars 2001

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