Le Clemi a retenu 11 collèges dans son programme d'expérimentation. Ils sont situés dans les académies de Aix-Marseille, Créteil, Lille, Nice, Paris, Reims, Rouen, Toulouse et Versailles. La majorité d'entre eux sont en zone d'éducation prioritaire (ZEP) ou en zone sensible.

Plus de 250 élèves sont concernés par ces actions. Toutefois, comme pour les programmes d'expérimentation menés précédemment par le Clemi, il existe une grande disparité entre les établissements. Certains projets ne s'adressent qu'à une classe, alors que d'autres concernent une centaine d'élèves.
60 enseignants sont engagés: des documentalistes, des professeurs de technologie, de langue, d'histoire-géographie, de lettres, mais aussi d'éducation physique et sportive, de mathématiques et de sciences, d'art plastique, des instituteurs de Segpa et de maternelle.

Académie	Etablissement scolaire	Action menée
Aix-Marseille	Collège Jas de Bouffan, Aix-en-Provence	Réalisation d'un cyberjournal inter SEGPA
Créteil	Collège La Fontaine, Le Mée-sur-Seine	L'image d'information en ZEP
Lille	Collège Madame-de-Staël, Lille	Image d'information et éducation à la citoyenneté
Lille	Collège Albert-Samain, Roubaix	Lecture de l'image fixe et animée
Nice	Collège Jules-Romains, Nice	Education aux médias, aux images et à la citoyenneté en 6e
Paris	Collège Edmond-Michelet, Paris	Jumelage d'une section de maternelle et d'une classe de 3e à option image et médias
Reims	Collège Maryse-Bastié, Reims	Apprendre à lire les images d'actualité en 6e et 5e de SEGPA
Rouen	Collège Jacques-Brel, Cléon	Lecture et production d'images d'information en 4e
Toulouse	Collège Léonard-de-Vinci, Tournefeuille	L'image d'information à la télévision: du reportage au documentaire
Toulouse	Collège La Reynerie, Toulouse	Education à l'image d'information
Versailles	Collège Eugénie-Cotton, Argenteuil	Etude de l'image d'information en 4e

Objectifs généraux

Les enseignants expérimentateurs ont mis en avant trois objectifs généraux.

1 - Apprendre aux élèves à se distancer des images des médias

"Les objectifs de l'expérimentation s'inscrivent dans le cadre donné par l'objectif national pour les contrats de réussite: introduire un enseignement à l'image pour favoriser une meilleure maîtrise de l'information."
"Permettre aux élèves d'être capables de produire, en étant conscients de la façon dont ils utilisent l'image."
"Regarder vraiment pour mieux voir et chercher simplement à comprendre."
"Mettre en place un temps consacré à l'analyse de l'image, en particulier dans l'horaire de français."
"Apprendre aux élèves à analyser les images des médias."

2 - Susciter un intérêt et une curiosité afin de remotiver l'élève pour l'école

"Proposer un autre type d'accès au savoir ou aux apprentissages, afin de briser la fatalité de l'échec."
"Travailler la polyphonie de l'image comme source de communication avec les autres, comme affirmation de sa différence et valorisation de ses propres connaissances."

3 - Favoriser la formation de futurs citoyens

"Aider les élèves à s'ouvrir sur le monde et à forger leur identité de citoyen par la compréhension du système des médias."
"Amener les élèves à argumenter, à s'exprimer, à défendre leurs idées afin d'extérioriser des ressources personnelles."
"Education à la citoyenneté: former au jugement critique, entraîner à la responsabilité individuelle et collective."

Objectifs disciplinaires

Les enseignants n'énoncent pas d'objectifs particuliers concernant les disciplines d'enseignement, sauf pour aborder certains aspects du programme d'éducation civique. Cependant, tous signalent que les acquisitions des élèves touchant à la maîtrise du langage sont de nature à être réinvesties dans les disciplines: décodage des consignes, construction de sens, productions orales et écrites.

Objectifs liés à des connaissances sur le fonctionnement des médias

Les enseignants expérimentateurs ont proposé deux grandes séries d'objectifs.

1 - Familiariser les élèves avec les médias et en particulier les médias audiovisuels

"Découvrir la presse en général"
"Apprendre à établir des typologies entre les images et découvrir en quoi le texte et l'image produisent du sens."
"Mettre l'accent sur l'apprentissage d'une technique."
"Acquérir un vocabulaire audiovisuel (bande image, bande son, angles, prises de vue, plans, séquences de montage...)."

2 - Approfondissements

"Connaître le fonctionnement d'un journal télévisé."
"Passer de l'étude des médias écrits à l'étude de l'audiovisuel."
"Passer de la structure du journal télévisé à la structure magazine, étudier la composition d'un reportage."
"Analyser la complémentarité écrit-image-son."
"A partir des analyses, être capable de produire un document audiovisuel par l'écriture de l'image."

Acquisition de savoir-être dans le domaine de la communication et de l'expression

"Amélioration de l'expression orale."
"Faire de l'étude de l'image un objet de réflexion pour l'individu, de socialisation et, à terme, de modification de comportement."
"Apprendre à communiquer: par le travail en équipe, améliorer, faciliter ou créer la communication."

Acquisition de savoir-faire dans l'utilisation du matériel audiovisuel

"Prise en main du matériel technique de tournage, montage, sonorisation..."
"Reconnaître les cadrages, les angles de prise de vue, savoir utiliser un appareil photo numérique, réaliser une exposition, analyser le contexte qui donne sens à l'image et vice-versa."

Objectifs liés à des compétences de réception critique des messages médiatiques

Trois séries d'objectifs sont ici proposées.

- Appréhender la polysémie de l'image.
- Connaître le cheminement d'une information: choix des journalistes, montage, sources, plan.
- Savoir distinguer des contenus (information, émotion, propagande).
 

Bilan

Dans les résultats jugés positifs, on remarque:

- l'acquisition de compétences particulières: éducation du regard, intentionnalité des messages exprimés,
- l'amélioration du comportement des élèves,
- l'acquisition d'une confiance en soi,
- l'amélioration de l'autonomie et de la créativité,
- pour certains, la découverte du plaisir d'apprendre (des élèves sont venus sur le temps libre),
- le sérieux et l'enthousiasme des participants tant adultes qu'enfants,
- une meilleure intégration des élèves en difficulté au collège.

Quand ils sont évoqués, les points négatifs portent sur l'impatience des élèves et des enseignants engagés dans les activités.

Il existe des passages obligés qui nécessitent du temps: la concertation entre les enseignants sur la définition des objectifs, le point sur les moyens matériels disponibles... Ces préalables suscitent chez certains (enseignants comme élèves) un sentiment de lourdeur et de perte de temps.

Les classes concernées sont en majorité des cinquièmes (âge moyen: 13 ans). Toutes les actions sont inscrites dans le projet d'établissement. La majorité se déroule dans le cadre des cours.

Au collège Jas de Bouffon d'Aix-en-Provence

Les élèves de la Segpa du collège, encadrés de leur professeur, sont devenus les rédacteurs en chef et les responsables de la réalisation de la Cybergazette. Des élèves de 15 établissements de l'académie en étaient les correspondants de presse. Il s'agissait pour tous de participer à la production d'un cyberjournal scolaire inter-SEGPA, diffusé sur Internet à partir du serveur académique. Ce trimestriel en ligne est réalisé par des correspondants qui transmettent des articles par courrier électronique à une classe rédactrice en chef qui les sélectionne, donne des indications d'écriture et de réécriture à ses rédacteurs, conçoit le journal, passe commande des illustrations auprès de classes dites banales d'un collège partenaire.
La deuxième année, la Cybergazette a suscité l'intérêt de plusieurs établissements situés dans l'académie voisine (Nice), qui ont rejoint sa rédaction.

Au collège Jean-de-la-Fontaine du Mée-sur-Seine

Tous les niveaux scolaires étaient impliqués dans le programme, avec des projets différents.
- 15 élèves de 6e dite "de consolidation" se sont initiés à l'audiovisuel et ont réalisé un reportage sur un fait marquant de leur ville dans le cadre de l'opération "Lire la ville".
- Les classes de 5e ont suivi des parcours diversifiés sur les médias.
- En 4e, 10 élèves ont eu la possibilité de choisir une option audiovisuel.
- Les 3e technologiques ont utilisé les savoirs acquis en 4e pour réaliser un journal télévisé. Ils travaillaient en groupes de 3 ou 4 élèves (prises de contact, repérages, tournages, dérushages, montages) pour préparer et diffuser les JT. Quatre numéros furent ainsi réalisés dans l'année et diffusés pendant les récréations. Trois heures tous les quinze jours étaient consacrées à ce travail.

Au collège Madame-de-Staël de Roubaix

Les activités s’adressaient à deux classes de 5e. Elles ont eu lieu pendant le temps scolaire, en particulier sur les horaires de français. Plusieurs séquences et types d’activités ont été proposés:
- Lire et analyser une photo d’information: les élèves analysaient la Une de différents quotidiens. A partir d’une photo qui y figurait, ils écrivaient un récit, un texte explicatif. Par ailleurs, ils analysaient un article, écrivaient une brève, une interview, relataient un fait divers (comment l’illustrer, avec quelle image?).
- Créer une exposition sur la Déclaration universelle des droits de l’homme: les élèves ont fait des recherches au sein d’un corpus de photos de grands reporters d’images. Ils ont sélectionné des images qui s’opposaient, les ont mises en confrontation et ont rédigé un commentaire sous forme de légende.
- Créer une exposition sur l’image fixe: à partir d’une publicité, les élèves ont travaillé sur l’échelle des plans, les angles de prise de vue, le pluriel des sens, les plans dans l’espace. Ils ont réalisé une exposition sur le thème "Les différences" avec des photos d’agence connues.

Au collège Albert-Samain de Lille

Les activités ont concerné une classe de 4e. Elles ont été consacrées à l'acquisition de notions audiovisuelles et au décryptage des images d'information. Ce projet "Images d'information" se rattache à la volonté d'ouvrir le collège sur l'extérieur par le biais de la vidéo. Il vise à instaurer l'analyse d'images dans l'horaire de français.

Au collège Jules-Romains de Nice

Le projet de "sixième média et image" s’est appuyé sur le programme d’éducation civique des classes de 6e. Il était inscrit dans l’emploi du temps des élèves et constituait un enseignement obligatoire. Il s'articulait autour de trois fils conducteurs: éduquer au droit ; former le jugement et l’esprit critique ; entraîner à la responsabilité individuelle et collective.
Pour réaliser cet enseignement spécifique, les enseignants ont posé comme préalables qu'il fallait :
- ajuster leurs ambitions et de tenir compte de l’âge, des préoccupations, de la capacité de concentration, des méthodes de travail d’une classe de 6e,
- proposer des exercices de communication (émetteur-récepteur, comment et pourquoi, communiquer),
- permettre aux élèves d'acquérir un vocabulaire de base sur la presse,
- étudier les différents supports de l’image (presse, informatique, audiovisuel) afin d’éviter la confusion,
- travailler sur la polysémie de l’image.
L'année suivante, les élèves ont poursuivi dans la 5e"classe média". Chaque séance a fait l'objet d'une évaluation des contenus (fiches à remplir, questions orales et écrites). Une note inscrite sur le bulletin trimestriel a parfois accompagné cette évaluation afin "de renforcer la crédibilité de l'enseignement des médias et de l'image".

Au collège Edmond-Michelet de Paris

"Marmot Fluo" s’inscrivait dans le projet du réseau d'éducation prioritaire 14. Il s’agissait d’un journal sur Internet réalisé conjointement par des élèves d’une école maternelle et d’une 3e du collège Michelet. Deux classes de grande section de maternelle et la classe de 3e se sont jumelées pour travailler sur "l'image de soi et du monde renvoyé par les médias". Les rencontres et les activités se sont déroulées alternativement dans l’école ou le collège tous les mardis.
Les élèves de 3e participaient depuis la classe de 6e à une expérimentation "Image et médias". Ils ont appris l’écoute de l’autre, qu'ils ont mise en pratique en jouant un rôle de médiateurs auprès des tout-petits: ils échangeaient et réalisaient avec eux des activités autour des images. A chaque séance, les écoliers et les collégiens travaillaient avec des supports médiatiques différents (papier, photo, image fixe, image animée, son) pour réaliser un collage écrit et imagé. La collecte des productions a constitué le Marmot Fluo.
L'année suivante, le jumelage d'une classe du collège et d'une classe de la maternelle voisine s'est poursuivi. La classe de 5e, qui suivait une option "Image et médias" depuis la 6e, a été jumelée avec une moyenne section de l'école maternelle. Contrairement aux élèves de 3e de l'année précédente, ils n'avaient qu'une expérience relative de l'écoute de l'autre. De plus, il leur fallait apprendre à ne pas aller trop vite auprès des tout-petits dans la transmission de leur connaissance sur l'image, pour favoriser chez les petits leur préhension des images. Le résultat de ces rencontres autour d'images de publicité ou d'actualité trouvées dans les médias et commentées par les deux classes d'âge a alimenté chaque mois, par des productions de dessins, de photos, d'articles, de poèmes, de fragments de pensée, les pages du journal en ligne "Marmot-Fluo".

Au collège Maryse-Bastié de Reims

Les actions ont eu lieu tous les 15 jours et concernaient des élèves de 6e et de 5e en section d'enseignement général professionnel adapté (SEGPA). A travers la presse régionale, les enseignants initiaient des élèves en grande difficulté à la lecture des textes et des images.
Les exercices allaient de la découverte de la presse en général à l'analyse et à la production d'informations simples: comparaison de photos (en Une, en pages intérieures, publicités, photos personnelles apportées par chaque élève), classements de différents types de photos, association photo-légende, rédaction de légendes, travail personnel (découpage à la maison de photos de presse), échanges en groupes et débats, rencontre avec un photographe de presse, présentation de photographies face à un événement relaté dans la presse, présentation des différents appareils photographiques, notions élémentaires de cadrage et de montage...
L'année suivante, les élèves ont travaillé en particulier sur la lecture des textes et des légendes accompagnant les photos du quotidien l'Union. Les élèves ont réalisé des photos et ont pu, à partir d'un logiciel, s'exercer au recadrage, au trucage de ces images. La publication de certaines de ces images dans le journal du collège a prolongé les activités de l'année précédente.

Au collège Jacques-Brel de Cléon

Des activités vidéo s’adressaient aux élèves de 4e d’aide et de soutien (AIS) et s'inscrivaient dans le projet d’établissement. Elles étaient centrées sur le décryptage et l’analyse de l’information audiovisuelle (apprentissage des codes de l’image). En fin d’année, les élèves ont réalisé un magazine présentant les activités du collège. Les activités avaient lieu deux heures par semaine et étaient co-animées par le professeur de français et celui d’arts plastiques. Outre cet atelier audiovisuel, les élèves de la classe ont utilisé la vidéo dans les différentes disciplines.
Alors que la première année, l'équipe enseignante s'était "emballée" sur l'aspect "audiovisuel" du projet, les activités ont ensuite été recentrées sur des activités de lecture d'images d'information. Deux reportages sur le collège, réalisés et diffusés par FR3 Normandie, ont été les supports de nombreux travaux d'analyse et conduit les élèves à produire deux reportages sur leur collège.

Au collège Léonard-de-Vinci de Tournefeuille

Les activités médias ont pris place en cours d’éducation civique, tous les quinze jours, dans une classe de 4e et une classe de 3e.
La classe de 4e a étudié un journal télévisé pendant trois séances.
Les élèves de 3e ont étudié pendant quatre séances le documentaire "Itsembatsemba, Rwanda, un génocide plus tard". Ils ont recherché les informations à caractère historique et géographique transmises à travers ce documentaire. Ils devaient relever la part de l’information pure (date, lieu, personnage) et prendre également conscience de la part de subjectivité (rôle de l’image sur nos émotions). Leur travail s'est terminé avec une rencontre de la productrice.
L'année suivante, le professeur d'histoire-géographie et la documentaliste ont continué un travail autour du documentaire avec des élèves de sixième. Elles ont cherché à prolonger la réflexion en cours dans le groupe Clemi de l'académie qui, depuis plusieurs années, a développé une approche pédagogique sur l'étude du cinéma documentaire en classe.

Au collège La Reynerie de Toulouse

Les activités (deux heures hebdomadaires) étaient inscrites dans le cadre d’un "parcours diversifié" intitulé "Images et Médias", avec 22 élèves de quatre 5e différentes. Par ailleurs, une classe de 5e, dont beaucoup d’élèves étaient en échec faute d’avoir acquis des apprentissages de base, ont travaillé autour de la médiatisation de La Route du Rhum.
L'année suivante, toujours dans le cadre du parcours diversifié "Images et médias", les enseignants ont recentré leurs activités sur l'étude de la photo de presse et la réalisation d'un photoreportage (objet d'une exposition de fin d'année). La proximité de la Galerie du Château d'eau de Toulouse a permis aux élèves de travailler, avec l'un des responsables, sur deux expositions présentées.

Au collège Eugénie-Cotton d'Argenteuil

Une classe de 4e a suivi les activités médias une heure par semaine sur le temps scolaire, au centre d'information et de documentation. Une progression a été proposée dans les activités:
- l’image dans la presse magazine: repérage des différentes photos et dessins, classement (photo prise "sur le vif", photo d’illustration), plans et cadrages, légende, réalisation par les élèves d’un reportage photo en suivant des consignes précises.
- analyse d’un magazine télévisuel: identification du genre, analyse et comparaison de différents magazines, de leur structure (présentateur, enchaînement des sujets...), étude du reportage dans un magazine.
L'année suivante, les activités médias étaient inscrites dans l'emploi du temps de la classe de 3e (1 heure par semaine). Comme l'année précédente, il s'agissait à partir de thèmes de société et d'actualité traités par les médias de croiser les programmes d'histoire-géographie, de français et d'éducation civique. Les thèmes suivants ont émergé : le dopage, le clonage, les OGN, la parité hommes/femmes, la loi sur les 35 heures, les paparazzi et la liberté d'expression.