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Geneviève
Delaunay-Jacquinot , La
recherche en éducation aux médias - 11
janvier 2002 |
Comment
définir la recherche en éducation aux médias ?Difficile
quand on sait, comme l'ont bien montré un certain nombre
de chercheurs, et en particulier Jacques Gonnet, le flou
qui entoure cette "expression".
Expression
fédératrice, notamment d'"enthousiasmes et de prosélytisme",
mais aussi " expression caméléon " qui couvre et couve des
pratiques, souvent marginalisées, des conceptions de l'éducation
et des médias plus souvent implicites qu'explicites, ainsi
que des contextes sociaux, politiques, éducatifs et culturels
extrêmement variés et en constante évolution.
Je
propose donc aujourd'hui d'essayer de dresser un panorama
de la recherche en éducation aux médias à travers trois
questionnements :
1-
Comment délimiter la recherche en/sur l'éducation aux médias?
2-
Quelles sont ses caractéristiques ?
3-
Quelles sont la situation actuelle et les perspectives dans
ce domaine ?
Délimiter
la recherche en éducation aux médias
Il
semble nécessaire de commencer par quelques distinctions
essentielles, je dis bien distinctions et non oppositions,
les choses étant toujours, dans ce domaine en relation dialectique
d'" opposition-non opposition ".
-
Relations des jeunes avec les médias, éducation aux médias,
un distinguo nécessaire
On
peut distinguer en premier lieu les recherches concernant
la relation que les jeunes entretiennent avec les médias
et la recherche sur l'éducation aux médias. L'objectif de
la recherche sur les relations des jeunes aux médias consiste
à savoir comment les choses se passent, quantitativement
et qualitativement, entre les jeunes et les différents écrans
qui sont à leur disposition. L'enjeu d'une telle démarche
n'est pas d'en tirer des conséquences afin d'améliorer ou
de modifier les différentes modalités de ce type de relation,
c'est un enjeu de connaissances et non un enjeu prescriptif.
Prenons
l'exemple de la recherche européenne dite " Himmelweit 2
- puisqu'elle reprenait, quarante ans plus tard, l'objectif
de la première recherche que ce chercheur avait inauguré
pour connaître les relations du jeune public avec le seul
petit écran d'alors, la télévision. On y trouve de précieuses
indications sur les relations des différentes populations
de jeunes aux médias. D'inspiration sociologique, sa méthodologie
a reposé sur des enquêtes quantitatives et qualitatives
sur les divers rapports qu'entretiennent des jeunes d'âge,
de sexe, de situations géographique, socioprofessionnelle
et culturelle différentes, avec divers écrans. Cette recherche,
dont on peut lire les résultats dans la revue " Réseaux
" (1999), apporte une photographie précise d'une situation
à un instant " T ", toujours à actualiser. Cependant, quel
rapport cela entretient-t-il avec l'éducation aux médias
? À l'évidence, on peut et on doit en tirer des conséquences
si l'on veut envisager une éducation aux médias, adaptée
au public avec lequel on travaille, en classe ou hors classe.
On
pourrait également, dans ce type de perspective, introduire
comme variable le fait que les enfants enquêtés aient suivi
ou non une forme d'" éducation aux médias ", mais la recherche
proprement dite n'est pas une recherche sur l'éducation
aux médias. Il en est de même pour l'enquête internationale
sur les jeunes et Internet (2001) menée par le CLEMI, ou
pour la passionnante recherche de Dominique Pasquier (2000)
sur le rôle des fictions télévisuelles dans l'éducation
sentimentale, à partir de l'exemple particulièrement éclairant
d'" Hélène et les Garçons ". On peut, en revanche, en tirer
des conséquences pour l'éducation aux médias et pour l'éducation
en général. Jean-Pierre Carrier, a notamment utilisé ces
émissions et les analyses qui en ont été faites par la recherche,
en IUFM, pour faire travailler les futurs instituteurs sur
les représentations qu'ils avaient de leurs futurs élèves,
représentations qui ne correspondent pas aux réalités.
Les
recherches sur la fonction cognitive des médias, notamment
par les formes symboliques ou sémiotiques spécifiques qu'ils
mettent en ¦uvre, comme a pu le mettre en évidence pour
la télévision, le chercheur Gabriel Salomon (1981), donnent
également à penser, mais elles ne relèvent pas directement
de l'éducation aux médias. C'est la même chose en ce qui
concerne l'étude de l'influence du procédé cinématographique
du flash-back sur la maîtrise des énoncés linguistiques
inversés, comme l'a menée le chercheur belge Jean Donnay,
ou pour les jeux vidéos, comme l'a récemment fait Patricia
Greenfield, notamment dans un article important paru dans
" MédiaMorphoses " (2001).
On
le voit, étudier les diverses modalités de relations tant
quantitatives que qualitatives, tant cognitives qu'affectives,
organisationnelles ou éthiques que les jeunes entretiennent
avec les médias, en fonction de différentes variables, ce
n'est pas à proprement parler faire une recherche en/sur
l'" éducation aux médias ", même si cela devrait contribuer
à mieux " penser " l'éducation aux médias, voire même l'éducation
en général.
-
Distinguer recherche en éducation " aux " médias et " par
" les médias
Il
apparaît aussi qu'une distinction soit à faire entre l'éducation
aux médias et l'éducation par les médias. Prenons l'exemple
de la recherche d'un de mes étudiants relative au rôle des
vidéogrammes didactiques dans les apprentissages en APS
(activités physiques et sportives). Ce type de questionnement
implique simultanément la didactique de la discipline, les
pratiques pédagogiques et leurs modèles, et la spécificité
médiatique. L'objectif de ce type de recherche n'est encore
une fois pas l'éducation aux médias, mais plutôt l'ingénierie
éducative, et se conçoit pour améliorer les productions
à visée didactique. Les élèves concernés auraient sans doute
d'ailleurs mieux apprécié la médiation didactique, par les
vidéogrammes s'ils avaient été familiarisés avec celle-ci,
par une éducation aux médias antérieure ou parallèle.
Le
travail plus récent de Jean-François Cerisier (2001) rend
compte d'une étude concernant un réseau de classes primaires
engagées dans un projet collaboratif médiatisé par Internet,
sur le contenu des sciences expérimentales, qui s'inscrivait
dans le programme " la main à la pâte ". Le doctorant cherchait
à évaluer les effets du dispositif médiatique, des instruments
de communication (mail, chat, forum) qu'il a pris comme
une variable spécifique, pour étudier ses effets sur les
interactions sociales et cognitives des élèves. Dans les
deux cas, on peut tirer des conséquences importantes et
pertinentes pour l'éducation aux médias, notamment sa nécessité.
Et là encore, on pourrait introduire comme variable déterminante
le fait que les élèves aient eu ou non une éducation à l'"
image vidéographique " ou à Internet. Mais les conséquences
concernent plus l'ingénierie éducative que l'éducation aux
médias.
-
L'éducation aux médias, comme " objet " de recherche
Pour
qu'il y ait " éducation aux médias " comme objet de recherche,
il faut donc qu'il y ait une action éducative volontaire
(sauf à émettre l'hypothèse possible d'une éducation " implicite
", via l'influence directe des médias), menée dans ou hors
l'école comme c'est le cas, le plus souvent, par exemple,
en Amérique latine, où les associations religieuses jouent
un rôle fondamental dans ce domaine, ou en France, les mouvements
d'éducation populaire ; il faut que cette action porte explicitement
et prioritairement sur le ou les médias comme " objet "
d'étude et d'apprentissage et non comme " support " ; il
faut aussi préciser de quel média, ou de quel aspect du
média on parle, à partir de quels présupposés idéologiques
et de quelles références théoriques , car selon le cas,
le sens de l'action éducative ne sera pas le même.
C'est
bien là ce qui fait la différence entre la recherche sur
l'éducation aux médias (SED) et la recherche sur les médias
(SIC) : travailler sur l'" information " comprise comme
actualité (JT) pour faire réfléchir des élèves à la façon
dont le monde est donné à voir et travailler sur l'émotion
que cette actualité peut susciter, ce n'est pas la même
chose qu'apprendre la façon dont un journal télévisé se
fabrique, ni la même chose que d'apprendre aux élèves à
" traiter l'information " au sens que donnent à cette expression
les enseignants et les documentalistes soucieux de faire
acquérir les nouvelles compétences propres à l'exploration
productive des ressources d'Internet Et pour qu'il y ait
" recherche " dans le domaine de l'éducation aux médias,
comme ailleurs, il faut qu'il y ait une intention d'accroître
nos connaissances sur un aspect d'une intervention d'éducation
aux médias, avec toutes les exigences propres à la recherche
scientifique, quelle que soit son épistémologie, c'est-à-dire
la façon dont on conçoit la construction des connaissances
scientifiques. En d'autres termes, il faut " apporter la
preuve " de ce qu'on pressent, imagine, ce dont on a l'intuition
ou que l'on vous demande de démontrer (dans le cas d'une
recherche commanditée).
Caractériser
la recherche en/sur l'éducation aux médias
Comme
la plupart des recherches en éducation, la recherche en
éducation aux médias s'inscrit dans une démarche praxéologique,
qui relève d'une science de la pratique et de l'action.
Cela introduit immédiatement la problématique de l'articulation
entre la théorie et de la pratique.
-
Chercheur et praticien, complémentaires ou opposés ?
Un
praticien réfléchi n'est pas obligatoirement un chercheur
au moment où il pratique. On retrouve ainsi l'opposition
caractéristique des recherches praxéologiques entre les
praticiens et les chercheurs. S'il faut maintenir cette
opposition, ou plutôt cette différenciation, il faut aussi
rappeler que les bonnes questions de recherche sont liées,
la plupart du temps, à des constats établis dans le cadre
des pratiques. Le praticien cherche au jour le jour des
solutions, ce qui n'est pas la posture du chercheur : la
recherche permet d'apporter des preuves par une méthodologie
appropriée. Mais la recherche est aussi une pratique sociale
: ce qui implique que les théories et les modèles d'un chercheur
sont toujours le reflet d'une vision du monde. En revanche,
nier les différences, c'est ne pas admettre que, quel que
soit son objet et sa méthodologie de recherche, la posture
et l'enjeu du chercheur ne sont pas les mêmes que ceux de
l'acteur, au moment où il intervient sur le terrain. Nous
disons bien au moment où il intervient, car, à l'évidence,
il peut s'agir de la même personne, à des moments différents
de ses activités. Dans un cas, il s'agit d'apporter un certain
nombre de connaissances que l'on ne pouvait avoir avant
d'effectuer la recherche et qui pourront avoir des conséquences
pratiques ; dans l'autre cas, il s'agit de prendre des décisions
nombreuses, en classe ou avec le groupe en formation. Ce
qui complique encore la donne, c'est que, dans le domaine
de l'éducation, il y a toujours un projet éducatif, lié
à un projet de société. C'est d'autant plus vrai et ambigu
pour l'éducation aux médias que ce secteur est très investi
d'un point de vue idéologique : les médias ne constituent
pas seulement un objet de connaissance, ils représentent
une relation actualisée qu'on a soi-même et dont il faut
être conscient. Le
chercheur fait donc face à une double difficulté : arriver
à se distancier de l'ensemble des discours ambiants et transformer
la pratique empirique en " objet " de recherche.
-
Les conditions de la recherche
Les
recherches sur l'éducation aux médias exigent la contextualisation
et l'explicitation des présupposés théoriques sous jacents
au projet éducatif. La contextualisation dépend du lieu
géographique, de la culture des pays et de leur climat politique.
C'est la raison pour laquelle la charte internationale de
l'éducation aux médias pose problème. Certes, il faut introduire
un travail sur l'éducation aux médias dans tous les pays,
mais que celui-ci soit déclinable dans tous les contextes
reste encore à démontrer. Quant à l'explicitation des présupposés
théoriques, je citerai, pour mémoire, le travail de Jacques
Piette (1996), qui a bien montré que derrière les pratiques
d'éducation à la télévision, il y a implicitement ou explicitement
des filiations théoriques sur le statut du média télévision.
La
conception que l'on se fait des médias a des conséquences
sur l'élaboration d'une certaine pratique d'éducation aux
médias. Un chercheur en éducation aux médias doit donc connaître
et se positionner par rapport aux diverses théories élaborées
notamment en sciences de l'information et de la communication.
De la même façon l'éducation aux médias impliquant des pratiques
pédagogiques, il est nécessaire de préciser le contexte
culturel et éducatif dans lequel s'introduit cette activité.
Au Japon, par exemple, la tradition éducative préconise
d'écouter le professeur qui parle, sans chercher à se singulariser,
sans souci de développer l'esprit critique. Les présupposés
théoriques voire idéologiques du point de vue à la fois
pédagogique et didactique sont à prendre en compte si l'on
veut bien comprendre le sens de ces activités éducatives.
Au cours de sa recherche en thèse Serge Sarmiento (1999)
a travaillé sur un croisement de trois corpus pour comparer
ce que le programme d'éducation aux médias qui était son
objet d'étude avait pour objectifs, ce que les enseignants
en charge de cette activité déclaraient qu'ils faisaient,
et ce qui était fait en réalité dans les classes, en se
référent à la fois aux modèles théoriques relatifs aux médias
et aux modèles d'activités pédagogiques.
La
recherche en éducation aux médias apparaît donc comme une
recherche complexe, praxéologique, contextualisée, interdisciplinaire,
et multi-référentielle.
Situation
actuelle et les perspectives dans le domaine de la recherche
L'urgence
dans le domaine de l'éducation aux médias rejoint celle
du domaine de la recherche en éducation. Quatre
catégories de recherches pertinentes, sont à distinguer,
compte tenu de la spécificité de l'objet : les recherches
évaluatives, les recherches intervention/action, les recherches
développement, et les recherches théoriques et critiques,
à la fois du côté des SIC et des SEd.
Les
recherches évaluatives
Les
questions ne manquent pas : En quoi la relation des jeunes
aux médias est-elle modifiée par l'éducation aux médias?
Qu'ont-ils découvert ? Quels liens établissent-ils entre
les apprentissages scolaires et cette éducation aux médias
? Et les enseignants ? Quelle est l'influence de leurs représentations
des médias et de leur modalités d'intégration des médias
en classe sur les acquis de leurs élèves ? Quelle est le
rôle des apprentissages informels, hors l'école, sur la
maîtrise qu'ont les élèves des médias ? Le problème du transfert
des apprentissages, hors la situation scolaire, est trop
rarement posé. Par ailleurs, comme pour toute évaluation
en éducation, il est important de préciser pourquoi, et
pour qui est faite l'évaluation : les évaluations sommatives,
faites en fin d'action, plutôt diagnostiques, intéressent
les décideurs ; les évaluations formatives, généralement
pragmatiques et adaptatives, concernent les acteurs en situation.
Une évaluation par ailleurs, d'un point de vue méthodologique
peut être, selon la démarche adoptée, critique, empirique
ou expérimentale.
Dans
une contribution à la revue Éducations sur " Éducation et
médias " (n°14, 1998), Évelyne Bevort et Thierry De Smedt
ont explicitement posé la question : " Peut-on évaluer l'éducation
aux médias ? ", avant de présenter les modalités d'évaluation
choisis par le CLEMI et les résultats recueillis.
Les
recherches intervention/action
Les
recherches intervention ou action permettent aux SIC et
aux SEd de se rejoindre. Une recherche-action a une épistémologie
précise et se trouve particulièrement adaptée à l'éducation
aux médias, en ce qu'elle permet d'accroître les connaissances
" pour agir ". Elle permet de soutenir l'action des partenaires
sur le terrain en leur fournissant instrumentation, argumentaire,
vocabulaire commun et les aidant à former d'autres partenaires
et à détecter les nouveaux besoins et les soutiens spécifiques.
Elle procède par étapes successives qui sont l'identification
des changements à produire (par comparaison entre la situation
actuelle et la situation " idéale " visée), l'observation
et l'analyse des comportements, interactions et rôles à
travers les divers tâches réalisées (dans un groupe, il
y a les leaders et les marginaux, mais pas toujours pour
les mêmes fonctions), le soutien de la minorité agissant
dans le sens du changement visé, par la visibilité l'audience
et l'expertise, enfin la mise en place en commun de nouveaux
modes de fonctionnement du système sans exclusion ni nouvelle
marginalisation. Elle vise un changement, plus ou moins
progressif ou radical, d'une situation d'éducation " avec
la participation des acteurs et intervenants concernés "
ce qui implique notamment de tenir compte des particularités
du contexte de la demande et de son déroulement. Ce type
de recherche nécessite la tenue minutieuse de carnets de
bord ou " chroniques " des faits (perceptions, analyses,
décisionsŠ), qui seules permettront ensuite une analyse
réflexive et une mise en évidence des éventuelles relations
de cause à effet. Elle permet d'aboutir à la rédaction d'études
de cas. Elle s'appuie aussi généralement sur des " temps
forts " (journées d'études par exemple), qui permettent
de soutenir les évolutions en cours en donnant plus de visibilité
et d'audience aux dynamiques en cours, en démultipliant
l'expertise et en fédérant de nouvelles énergies.
Les
recherches développement
La
recherche développement n'est pas encore très valorisée
dans l'université ; elle met au point des prototypes, elle
accompagne souvent un autre type de recherche. Ainsi Roxana
Morduchowicz (1999) qui se proposait de construire un programme
d'éducation aux médias adapté aux enfants des milieux particulièrement
défavorisés d'Argentine s'est vite rendu compte que les
enseignants avec lesquels elle se proposait d'introduire
ces activités avaient des représentations si négatives et
de la télévision, et de leurs élèves que le premier travail
a consisté en une intervention auprès des enseignants pour
leur permettre de prendre conscience des conséquences négatives
de leur attitude sur le comportement des élèves : les enfants
pour lesquels la télévision représentait le seul environnement
quotidien, voyaient leur identité en quelque sorte niée
et cette dévalorisation d'eux-mêmes empêchait toute posture
productive face au travail scolaire. Après quoi, a pu être
envisagée, avec ces enseignants, une action spécifique,
c'est-à-dire à la fois un programme et une pratique pédagogique
adaptés à ce public.
Les
recherches théoriques et critiques
Il
y a, à l'heure actuelle, un grand effort à faire, dans la
recherche en éducation aux médias, pour tenir compte de
la spécificité des médias et de l'évolution des conceptions
et des théories d'apprentissage. Avec l'éducation aux médias,
nous devons sortir d'une conception encore très " transmissive
" de l'apprentissage et des connaissances, au bénéfice d'une
conception de la " médiation " éducative qui tienne compte
à la fois du nouvel environnement médiatique, et des évolutions
culturelles et sociales plus générales (notion d'enfance
et d'adolescence, évolution rapide des connaissances, tendance
à la mondialisation et parallèlement au développement des
particularismesŠ) Il convient aussi de tenir compte de la
spécificité des médias, et éviter de transférer par exemple,
sur le média télévision, ce que nous savions sur le cinéma,
(notamment les notions de genre, de montage, d'¦uvre), ou
sur le média télévision en cours de transformation, via
la numérisation, ce que nous savions sur la télévision telle
que nous l'avons connue, avec les notions de flux, d'habillage,
de série, de programmation. Il en va de même pour Internet,
à la fois selfmédia et mass média, qui s'inscrit dans de
nouvelles conditions de médiatisation.
Au
fond, la recherche en éducation aux médias comme les pratiques
d'éducation aux médias devrait contribuer à transformer
progressivement l'école et ses acteurs pour mieux répondre
aux défis actuels. Comme le dit Françoise Cross, dans le
contexte des innovations pédagogiques, il ne faut pas se
limiter à un " regard local ", centré sur le changement
immédiat et la résolution temporaire des problèmes, mais
adopter un regard plus " général ", là où la portée de l'innovation
s'appuie sur l'imaginaire et le désir de construire une
autre société. Nous devons toujours garder à l'esprit la
différence entre le " nouveau relatif " et " le sens dans
lequel on inscrit cette nouveauté " : l'éducation aux médias,
comme toute activité éducative ne prend sens qu'à cette
condition.
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