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LES MÉDIAS SUR INTERNET : ressources et enjeux pédagogiques
stage national, mai 1999

Panorama économique des médias en ligne

Conférence de Serge Guérin, journaliste, auteur de La Cyberpresse

Télécharger ici le texte qui suit

Que n'entend-on pas ‡ propos d'Internet!

Internet est un nouveau média, une nouvelle technique d'information et de communication... Internet est devenu un enjeu, une nouvelle idéologie, une nouvelle forme d'économie... A moins que cela ne soit un fantasme absolu, qui permet aux publicitaires de faire beaucoup d'argent.
Dans le domaine économique, Internet représente le "flux tendu", la relation directe entre vendeur et consommateur. Internet supprime les intermédiaires (qui ont le tort de diminuer la valeur ajoutée), l'idéologie de la consommation. Avec Internet, on va au plus vite. On est dans une économie vraie et réelle, une économie de l'honnêteté et du direct.
Dans le domaine de l'information, là encore, c'est la suppression des intermédiaires, qui permet de ne mettre que de vrais faits. Grâce à Internet, l'information ne sera plus détournée par tel ou tel idéologue.

Internet arrive dans les médias en 1992. Internet a 30 ans, mais c'est en 1992 que les secteurs privé et commercial s'en emparent (auparavant, c'était le service public qui avait décidé d'y investir). Depuis, on est entré dans des logiques d'audience et on essaie de renouveler le modèle mass-médiatique.
En quelques années se sont succédées des innovations, ou des modes, comme les moteurs de recherche, la théorie du "push media" (système jugé d'avenir il y a seulement un an), une profusion d'études (avec, le plus souvent, Microsoft en arrière plan), les sites portails, les sites de vente aux enchères (avec le jeu de l'offre et de la demande et la vente en direct)...
De nouvelles logiques financières ont également fait leur apparition: pour créer du flux, on s'est mis à vendre autre chose que ce pourquoi on existait (ainsi le site amazon.com). On estime aujourd'hui que le commerce électronique est destiné à représenter de 5 à 45% de l'ensemble du commerce. Large fourchette...

Mais l'intérêt de ce système, c'est avant tout une capitalisation boursière forte.
La "Netéconomie" est fondée sur une économie financière tout à fait particulière, sur des anticipations, sur la valorisation des sociétés. C'est une nouvelle économie, avec pour élément central: "Sur Internet, il faut...", "Beaucoup de gens s'y mettent parce qu'il y a de l'argent à faire".

Au niveau de la micro-économie

La presse écrite a eu une réaction assez logique: prenons le train qui passe, avec tous ses avantages (rapidité de transmission, résolution des problèmes liés au syndicat du Livre, des problèmes du papier, de l'emplacement et de la mise en vente...). Elle a donc investi Internet pour des raisons matérielles: suppression du problème de la distribution, égalité avec les autres supports, réduction des charges, et enfin, possibilité de jouer avec les images et les sons.
Mais en se mettant sur Internet, la presse s'est retrouvée face à des concurrents qu'elle n'attendait pas, d'énormes sites qui diffusent aussi de l'information et qui génèrent beaucoup d'audience (les moteurs de recherche, en particulier).

Avec Internet, la presse reste présente sur le marché publicitaire. Très peu de sites fonctionnent sur abonnement ou sur "pay per view". 95% des sites de presse sont financés uniquement par la publicité.
Quelques chiffres permettent de mesurer le poids de la publicité sur Internet. La dépense publicitaire totale sur Internet est de 1 milliard 920 millions de dollars (+72% en 1998 par rapport à 1997), mais la dépense totale publicitaire dans le monde est de 600 milliards de dollars.
En France, la publicité sur Internet représente 113 millions de francs en 1998 (l'ensemble de la dépense publicitaire est 160 milliards de francs). A titre de comparaison, le chiffre de la publicité pour le quotidien Le Monde, c'est 400 millions de francs, soit 4 fois l'ensemble de la publicité sur Internet en France.
Actuellement, les sites de presse ne peuvent compter que sur trois types d'information pour tenter de rentabiliser les investissements: la finance et l'économie (en France: Les Echos), le sport (surtout aux Etats-Unis) et le "charme" (83% des images regardées: comme le téléphone, puis le Minitel en France, les nouvelles technologies se sont développées à travers le "charme"). Lorsque l'on sort de ces trois domaines, personne ne gagne d'argent. Le problème de la presse est donc clair: "j'ai besoin de pub pour vivre, donc d'audience; comment puis-je faire de l'audience?"

A côté de la recherche de publicité, la presse commence à développer les petites annonces d'emploi. Elle suit là le modèle éprouvé par la presse traditionnelle qui édite parallèlement de la presse gratuite d'annonces. Les sites de presse éditent des compléments, renvoient du papier vers Internet, et inversement.
Elle développe également les sites de vente aux enchères.
Elle se met au commerce électronique. Faire du commerce, ce n'est pas nouveau pour la presse (il suffit de voir le système de clubs, de boutiques). Sur Internet, la tendance est considérablement amplifiée. En créant du flux, un site de presse peut vendre autre chose, développer une économie plus générale. La force de la presse écrite sur Internet, c'est qu'elle a un nom, une marque connue. Mais le risque est aussi d'y perdre son âme (de la légitimité du nom à l'anormalité des produits vendus...).

Au niveau de la macro-économie

Tout tourne autour du problème de la convergence: tout le monde se retrouvera sur les mêmes tuyaux, il y aura un seul écran et tout sera sur cet écran. Celui qui tient l'écran (qui a le décodeur) aura donc le pouvoir.
Chaque entreprise se dit: "je peux tout faire moi-même", c'est la théorie du Web TV. Chacune se dit aussi: "il faut que je récupère du contenu". On obtient ainsi la concentration du contenu et de la diffusion dans les mêmes mains. Le problème majeur du "Tout Internet", c'est de voir les plus grands (Microsoft, Yahoo, AOL...) se positionner et devenir les maîtres de l'information.
Le nouvel or noir, c'est le contenu, avec l'idée que, quand on vend quelque chose, on peut tout vendre. D'où le rôle important des études et de la publicité. On centre de plus en plus, et on personnalise de plus en plus (communications one to one). Les cookies, c'est l'information qui suit l'internaute à la trace. Cela aussi risque de se revendre un jour.

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