Que
n'entend-on pas ‡ propos d'Internet!
Internet
est un nouveau média, une nouvelle technique
d'information et de communication... Internet est
devenu un enjeu, une nouvelle idéologie, une
nouvelle forme d'économie... A moins que cela
ne soit un fantasme absolu, qui permet aux publicitaires
de faire beaucoup d'argent.
Dans le domaine économique, Internet représente
le "flux tendu", la relation directe entre vendeur
et consommateur. Internet supprime les intermédiaires
(qui ont le tort de diminuer la valeur ajoutée),
l'idéologie de la consommation. Avec Internet,
on va au plus vite. On est dans une économie
vraie et réelle, une économie de l'honnêteté
et du direct.
Dans le domaine de l'information, là encore,
c'est la suppression des intermédiaires, qui
permet de ne mettre que de vrais faits. Grâce
à Internet, l'information ne sera plus détournée
par tel ou tel idéologue.
Internet
arrive dans les médias en 1992. Internet a
30 ans, mais c'est en 1992 que les secteurs privé
et commercial s'en emparent (auparavant, c'était
le service public qui avait décidé d'y
investir). Depuis, on est entré dans des logiques
d'audience et on essaie de renouveler le modèle
mass-médiatique.
En quelques années se sont succédées
des innovations, ou des modes, comme les moteurs de
recherche, la théorie du "push media" (système
jugé d'avenir il y a seulement un an), une
profusion d'études (avec, le plus souvent,
Microsoft en arrière plan), les sites portails,
les sites de vente aux enchères (avec le jeu
de l'offre et de la demande et la vente en direct)...
De nouvelles logiques financières ont également
fait leur apparition: pour créer du flux, on
s'est mis à vendre autre chose que ce pourquoi
on existait (ainsi le site amazon.com). On estime
aujourd'hui que le commerce électronique est
destiné à représenter de 5 à
45% de l'ensemble du commerce. Large fourchette...
Mais
l'intérêt de ce système, c'est
avant tout une capitalisation boursière forte.
La "Netéconomie" est fondée sur une
économie financière tout à fait
particulière, sur des anticipations, sur la
valorisation des sociétés. C'est une
nouvelle économie, avec pour élément
central: "Sur Internet, il faut...", "Beaucoup de
gens s'y mettent parce qu'il y a de l'argent à
faire".
Au niveau de la micro-économie
La
presse écrite a eu une réaction assez
logique: prenons le train qui passe, avec tous ses
avantages (rapidité de transmission, résolution
des problèmes liés au syndicat du Livre,
des problèmes du papier, de l'emplacement et
de la mise en vente...). Elle a donc investi Internet
pour des raisons matérielles: suppression du
problème de la distribution, égalité
avec les autres supports, réduction des charges,
et enfin, possibilité de jouer avec les images
et les sons.
Mais en se mettant sur Internet, la presse s'est retrouvée
face à des concurrents qu'elle n'attendait
pas, d'énormes sites qui diffusent aussi de
l'information et qui génèrent beaucoup
d'audience (les moteurs de recherche, en particulier).
Avec
Internet, la presse reste présente sur le marché
publicitaire. Très peu de sites fonctionnent
sur abonnement ou sur "pay per view". 95% des sites
de presse sont financés uniquement par la publicité.
Quelques chiffres permettent de mesurer le poids de
la publicité sur Internet. La dépense
publicitaire totale sur Internet est de 1 milliard
920 millions de dollars (+72% en 1998 par rapport
à 1997), mais la dépense totale publicitaire
dans le monde est de 600 milliards de dollars.
En France, la publicité sur Internet représente
113 millions de francs en 1998 (l'ensemble de la dépense
publicitaire est 160 milliards de francs). A titre
de comparaison, le chiffre de la publicité
pour le quotidien Le Monde, c'est 400 millions de
francs, soit 4 fois l'ensemble de la publicité
sur Internet en France.
Actuellement, les sites de presse ne peuvent compter
que sur trois types d'information pour tenter de rentabiliser
les investissements: la finance et l'économie
(en France: Les Echos), le sport (surtout aux Etats-Unis)
et le "charme" (83% des images regardées: comme
le téléphone, puis le Minitel en France,
les nouvelles technologies se sont développées
à travers le "charme"). Lorsque l'on sort de
ces trois domaines, personne ne gagne d'argent. Le
problème de la presse est donc clair: "j'ai
besoin de pub pour vivre, donc d'audience; comment
puis-je faire de l'audience?"
A
côté de la recherche de publicité,
la presse commence à développer les
petites annonces d'emploi. Elle suit là le
modèle éprouvé par la presse
traditionnelle qui édite parallèlement
de la presse gratuite d'annonces. Les sites de presse
éditent des compléments, renvoient du
papier vers Internet, et inversement.
Elle développe également les sites de
vente aux enchères.
Elle se met au commerce électronique. Faire
du commerce, ce n'est pas nouveau pour la presse (il
suffit de voir le système de clubs, de boutiques).
Sur Internet, la tendance est considérablement
amplifiée. En créant du flux, un site
de presse peut vendre autre chose, développer
une économie plus générale. La
force de la presse écrite sur Internet, c'est
qu'elle a un nom, une marque connue. Mais le risque
est aussi d'y perdre son âme (de la légitimité
du nom à l'anormalité des produits vendus...).
Au niveau de la macro-économie
Tout
tourne autour du problème de la convergence:
tout le monde se retrouvera sur les mêmes tuyaux,
il y aura un seul écran et tout sera sur cet
écran. Celui qui tient l'écran (qui
a le décodeur) aura donc le pouvoir.
Chaque entreprise se dit: "je peux tout faire moi-même",
c'est la théorie du Web TV. Chacune se dit
aussi: "il faut que je récupère du contenu".
On obtient ainsi la concentration du contenu et de
la diffusion dans les mêmes mains. Le problème
majeur du "Tout Internet", c'est de voir les plus
grands (Microsoft, Yahoo, AOL...) se positionner et
devenir les maîtres de l'information.
Le nouvel or noir, c'est le contenu, avec l'idée
que, quand on vend quelque chose, on peut tout vendre.
D'où le rôle important des études
et de la publicité. On centre de plus en plus,
et on personnalise de plus en plus (communications
one to one). Les cookies, c'est l'information qui
suit l'internaute à la trace. Cela aussi risque
de se revendre un jour.
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