Rencontres de la BD à Bastia : transcription de la bande son
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François Place (auteur, illustrateur). (Plan 1) Vous vous imaginez un pays où il y a (2) une province qui s’appelle la province de l’obscurité et ils précisent que c’est une province où il ne fait (3) jamais ni complètement jour ni complètement nuit. (4) Les gens qui vivent dans ce crépuscule de (5) la province de l’obscurité se déplacent sur des petits chariots tirés par des chiens.
Journaliste. (6) François Place est devenu célèbre en créant des mondes imaginaires, (7) des atlas précis (8) d’univers pleins de rêves et d’effroi, (9) comme ceux de ses maîtres, Melville ou Marco Polo. (10) Des récits décodés pendant neuf mois par (11) les élèves du collège de Bastia, (12) avant la venue de l’auteur (13) aux rencontres annuelles de la BD. (14) Le festival est aussi un médiateur de longue haleine.
Jeune garçon brun. (15) C’était pas violent mais c’était très éloigné de la réalité.
Jeune fille blonde. (16) Ça a changé un peu de ce qu’on lit d’habitude.
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Jeune fille aux barrettes dans les cheveux. (17) Je lis des histoires qui ressemblent un peu à ma vie. Des trucs comme ça.
François Place. (18) On peut lire ça d’une façon très banale. C’est peut-être un peu dans le regard que se situe l’imaginaire. (19) Ça correspond à peu près à la Sibérie mais on peut imaginer le Goulag. C’est la province de l’obscurité. C’est peut-être une province où les gens sont dans des limbes, où ils existent à peine, où ils sont flottants, où … Ouais, il y a beaucoup de choses qui se glissent comme ça dans les simples descriptions de pays.
Journaliste. (20) Les enfants d’aujourd’hui donnent (21) parfois l’impression d’être adultes plus jeunes qu’autrefois. (22) Longtemps laboratoire d’histoires pour les grands, « BD à Bastia » a donc décidé cette année (23) de se pencher sur les rêves d’enfants. (24) Petits et grands jouent à se faire peur dans (25) les expositions qui recréent les univers de (26) dessinateurs jeunesse en (27) trois dimensions. (28) Mais est-ce vraiment grave d’être plus nourri (29) au journal télé qu’au conte de fées ?
Marcel Ruffio (pédopsychiatre). (30) Tous les enfants doivent avoir peur pour faire les gammes de peurs, pour ne plus avoir peur. (31) Et donc, en quelque sorte, une représentation d’une scène terrifiante peut-être drôlement intéressante pour ne plus avoir peur. Pour ne plus être terrifié. (32) C’est en regardant le terrifiant que je ne suis plus terrifié. (33) Par contre, un enfant laissé devant la télévision, abandonné cathodiquement par ses parents, (34) qui ne parlerait pas de choses qui pourraient lui faire peur, ça peut créer une anxiété chez l’enfant. Donc, je crois effectivement que les images terribles que l’on voit actuellement méritent qu’on en parle, quoi. (35) C’est la parole qui protège de l’image.
Journaliste. (36) Les univers enfantins aseptisés, Baru, grand dessinateur d’aventures ouvrières n’y a jamais cru. (37) Sa dernière série, Les années Spoutnik, rappelle sa jeunesse entre copains, (38) cocos et curés. (39) Fraîche mais avec un double niveau de lecture.
Baru (auteur de BD). (40) Je prends pas les gamins pour des imbéciles. (41) Effectivement, il y a des gamins qui restent devant et qui sont (42) très contents de voir des histoires de gros mots, (43) de castagne à la récré, (44) de football, etc. (45) Et puis y en a d’autres qui commencent à aller dans la profondeur, quoi. (46) Qu’est-ce que c’était que cette histoire d’usine, d’usine qui fermait ? Et donc, qui vont naturellement aller vers ceux qui sont capables de leur répondre, à savoir leurs grands-parents, leurs parents ou leurs grands-parents, quoi.
Journaliste. (47) Bref, tous ces dessinateurs, trop souvent qualifiés (48) d’éternels adolescents attardés, permettent aux enfants d’appréhender en douceur la réalité parfois difficile. (49) Et aux adultes de l’oublier un instant en se replongeant dans des BD.
Plan du dossier :
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